Le 7e art algérien endeuillé : Moussa Haddad, un grand nom du cinéma algérien s’en va

Le 7e art algérien endeuillé : Moussa Haddad, un grand nom du cinéma algérien s’en va

«Moussa Haddad s’en est allé en douceur…Comme il a vécu. Il vous a tant aimé». Ce sont avec ces mots pleins d’émotion, qu’Amina Haddad, l’épouse du grand nom du cinéma algérien Moussa Haddad, a confirmé, hier, en fin d’après-midi, sur sa page officiel, le décès du cinéaste et réalisateur Moussa Haddad, l’un des grands noms du cinéma algérien.

Telle une traînée de poudre, la nouvelle de la disparition du réalisateur à l’âge de 81 ans, s’est répandue, hier, sur les réseaux sociaux, où une pluie d’hommages et de témoignages poignants de celui qui a marqué plusieurs générations d’algériens avec des films cultes, «Les vacances de l’inspecteur Tahar», «Les enfants de Novembre», et «Une cigarette pour Ali», inscrits en lettres d’or dans l’histoire du 7e art en Algérie.
Né en 1937, Moussa Haddad a travaillé comme assistant du réalisateur italien Gilio Pontecorvo, sur le film «La Bataille d’Alger» et de Enzo Peri sur le film «Trois pistolets pour César». Il a réalisé sa première œuvre, «L’inspecteur Tahar», en 1967, suivie par «Les vacances de l’inspecteur Tahar», en 1972, et « Sous le peuplier», sortie la même année. Moussa Haddad a également signé «Les enfants de novembre» et «Une cigarette pour Ali» en 1975, «Libération» en 1982 ou encore «Made In», en 1999, avant de réaliser «Harraga Blues», en 2012.
Pour le petit écran, le réalisateur disparu est considéré comme le précurseur de la fameuse caméra cachée à la télé algérienne dans une version où l’humour était respectueux et pertinent. Il a également réalisé pour la télévision algérienne de nombreux documentaires ainsi que le mémorable concert du grand chanteur Jacques Brel à Zeralda. Le talent et la puissance de l’œuvre de Moussa Haddad, qu’elle soit destinée au grand ou au petit écran, est d’être en résonnance avec les pulsations de la société et du peuple algérien. Visionnaire et fin observateur des mutations sociales et politiques, il a toujours réussi à mettre en lumière la beauté et les travers de ses compatriotes avec une infinie tendresse. Fervent défenseur de la jeunesse, des enfants et des femmes, ses œuvres mettent en avant la réalité du quotidien de ces franges sociales, souvent occultées ou réduites à des rôles de figurants. Toujours fidèle à ses principes, au mois de février passé, malgré sa maladie, il avait tenu à participer aux marches populaires contre le système, et la photo le montrant se protéger de sa main des gaz lacrymogènes a fait le tour des réseaux sociaux. C’est tout naturellement que personnalités du monde de la culture, journalistes, membres des ciné-clubs et anonymes ont partagé leur tristesse suite à la perte «d’un pilier du cinéma algérien», tel que l’a écrit Amir Nebbache, concepteur et animateur d’une émission spécialisée dans le cinéma, ajoutant, à propos de Moussa Haddad, que c’est «un homme qui a consacré toute sa vie à l’engagement au service de son pays (…) fervent défenseur de la liberté ,de l’identité algérienne et de l’histoire de notre pays».
A l’occasion de son dernier anniversaire, Amir Nebbache avait diffusé son chef-d’œuvre «Les vacances de l’inspecteur Tahar » en version restaurée et non censurée dans son émission «Ciné thématique». Il a conclu son post en écrivant : «Rendons-lui l’hommage qu’il mérite… aimons comme lui notre Algérie. Paix à ta belle Âme et vive l’Algérie »