C’est encore l’incertitude sur les marchés mondiaux du pétrole. En dépit d’une légère hausse, les analystes spéculent négativement sur l’éventualité d’un durcissement des cours et le maintien d’une fourchette acceptable aussi bien par les producteurs que par les consommateurs.
La perspective d’un sommet entre l’OPEP et les pays non affiliés au cartel, dont Moscou s’est dit prêt à accueillir vers le 20 mars prochain, n’a pas vraiment secoué les marchés.
Alors que la décision d’un gel de la production à son niveau de janvier avait suscité des espoirs d’une remontée graduelle, voilà que cette option risque à terme de produire l’effet contraire et non souhaitable par les petits producteurs.
En fait, cette incertitude est parfaitement orchestrée par l’Arabie saoudite, qui en plus de son soudain accord avec la Russie sur le gel de la production en février, vient de réaffirmer à Paris par la voix de son chef de la diplomatie Adel Al Jobair que le royaume maintiendra toute sa production, sous entendant qu’il n’est plus question d’une baisse du quota ou du niveau actuel de la production.
Régnant en maître sur le cartel et ses décisions et le marché mondial grâce à ses 10 millions de barils par jour, Ryadh ne veut nullement fléchir dans ses positions qu’elles considèrent comme stratégiques, notamment sa guerre « impitoyable » contre les investisseurs américains dans le pétrole de schiste.
Pour les analystes, Ryadh considèrent que ces derniers sont une menace à long terme à ses parts du marché et qu’il faut les « abattre » maintenant, en soutenant une forte baisse des cours sur une longue période (deux ou trois ans).
La surproduction actuelle a trouvé pour les thèses saoudiennes une terrain économique mondial plus propice et favorable, avec le ralentissement industriel occidental, la morosité des pays émergents et la crise chinoise.
Pour les experts, l’Arabie Saoudite feint de « jouer » à l’unité de l’OPEP et à la défense des intérêts de ses membres, s’engageant pour un accord à Doha et maintenant le suspense pour le prochain sommet.
D’ailleurs, le même accord sur le gel ne semble point être respecté aux dires de certains observateurs. Mais le plus surprenant reste cette politique saoudienne toute nouvelle. En effet, le 2 mars dernier, Ryadh a décidé d’augmenter de 25 cents son baril vendu à l’Asie, et de 35 cents son baril vendu à l’Europe (livraison en mai), alors que le prix du baril destiné aux Américains a baissé de 0,20 à 0,30 dollars.
Lundi matin, le marché a connu une hausse significative, mais fragile. Le brent, la référence pour le pétrole algérien, a atteint les 39 dollars le baril alors qu’en Asie, il flirtait avec le seuil des 40 dollars le baril. Des cotations qui semblent être boostées par les bons indicateurs américains et les grandes promesses du gouvernement chinois.