Le président Bouteflika n’a pas répondu à la demande d’audience que le groupe des “dix-neuf”, réduit désormais au groupe des “quinze”, a introduite auprès de l’intendance de la présidence de la République le 2 novembre dernier.
Il n’a pas, également, répondu au courrier traitant de l’affaire du général Hassan dont le général Toufik l’a rendu destinataire. Choix conscient et obstiné ou méconnaissance de la demande des uns et de la requête de l’autre ? Le groupe des “dix-neuf” s’est dit convaincu que son courrier n’est pas parvenu au chef de l’État, l’opinion prise à témoin. Le général Toufik affirme “avoir usé de toutes les voies réglementaires et officielles”, prenant, lui aussi, l’opinion à témoin. C’est tout de même troublant que des personnalités nationales, jadis admises dans les cercles proches du pouvoir et écoutées, et le tout-puissant patron du renseignement, retraité de fraîche date, s’obligent à agir de la sorte. C’est certainement faute de pouvoir faire autrement. Il faut en effet que les rouages institutionnels leur soient vraiment inaccessibles pour qu’ils se résolvent, résignés donc, à solliciter l’arbitrage de l’opinion. Surtout pour le général Toufik qui n’a pas commis la moindre déclaration publique pendant le quart de siècle ininterrompu qu’il passa à la tête du DRS. Il y a sûrement une part de vérité dans cela. Cependant, si l’obstruction des voies de recours institutionnelles expliquait ce contournement ainsi pris, elle ne pourrait être en elle-même une finalité. Car, associer ainsi l’opinion à deux préoccupations sensibles et sûrement déterminantes, de manière insistante par le groupe des “quinze”, ne pourrait relever d’un exercice politique banal, loin s’en faut. Si ce n’est pas une contribution au contrebalancement du rapport de force politique que la démarche quête, elle poursuivrait, à tout le moins, de lever le voile sur la réalité du pouvoir qui ne serait plus exercé par des détenteurs légitimes. Le poids de l’opinion est quémandé pour pallier la faiblesse des contrepouvoirs institutionnels. Le bon recours ?