Il lui a assené plusieurs coups de couteau au niveau du cou et du thorax, il a renversé sur lui un hachoir, et après s’être s’assuré que sa proie a rendue l’âme, il l’a pliée en deux et placée dans un sac de poubelle avant de la transporter à bord d’un véhicule,emprunté la veille, de Bordj El Kiffan vers El Mohammedia, tout en prenant grand soin de jeter le cadavre dans une décharge publique située à quelques mètres seulement du centre hospitalo-universitaire de Hassen Badi.
En effet, le procès du bourreau de Bordj El Kiffan restera sans aucun doute gravé dans la mémoire de tous ceux qui ont assisté à l’audience. – Eh bien oui !
Il restera gravé dans la mémoire du président de l’audience, M. Boubettra Abdelmalek, de ses deux conseillères, à savoir Mmes DjoglafHamida et Berkane Djamila, du représentant du général Maariche Ali, des membres du jury, des avocats et des journalistes, vu le sang-froid avec lequel le mis en cause répondait aux questions que lui posèrent le président en charge du dossier, du procureur général mais aussi de son avocat.
L’inculpé répondant aux initiales de H.K., la trentaine dépassée, boucher de son état, originaire de TiziOuzou, demeurant à bordj El Kiffan, sans antécédents judiciaires, a tout fait pour faire croire au cours des débats qui ont duré plus de deux heures, qu’il n’avait nullement l’intention d’attenter à la vie de sa victime qu’il a invitée pour diner avec elle et par delà régler le différend qui existait eux concernant une somme d’argent.
Le bourreau qui était redevable d’une somme d’argent estimée à 68 millions de centimes envers la victime a élaboré son plan machiavélique en libérant à la veille des faits son employé sous prétexte qu’il n’y avait plus de viandes blanches et rouges dans le commerce.
Ensuite il a appelé sa victime et l’a invitée à se présenter dans son local commercial tout en préparant tous les moyens matériels pour commettre son acte criminel, à l’instar des couteaux et du hache-viande.
Le défunt qui ignorait le sort que lui réservait son agresseur n’a à aucun moment douté qu’il rendrait l’âme ce jour-là et que son corps allait être découvert en état de décomposition avancée trois jours plus tard par les éboueurs de la commune d’El Mohammedia.
Une fois arrivée sur les lieux, la victime demanda poliment et gentiment à son tueur de lui remettre son argent et au cours de la discussion le ton est monté, une rixe s’en est suivie durant laquelle, le criminel, et sans hésitation aucune, fait usage des armes blanches qui se trouvaient sur lieux du drame en assenant à sa proie plusieurs coups de couteau dans plusieurs parties du corps, notamment au niveau du cou et du thorax avant de la mobiliser pendant quelques minutes.
Et après s’être s’assuré qu’elle avait rendue l’âme, il a fait tomber sur elle un hachoir qui pèse 25 kg, a fermé son local commercial après avoir pris soin de la plier en deux (la victime)et la mettre dans des sacs à poubelle avant de la placer dans le frigo de 11h30 jusqu’à 17 heures, et ce dans le seul but de faire cesser le sang de couler !
Il a ensuite nettoyé son local commercial, et s’est ensuite dirigé vers son domicile où il a pris une douche pour enlever toutes les traces du sang qui se trouvaient sur ses vêtements !
Le comble dans cette affaire c’est incontestablement lorsque le père de la victime et son ami l’ont appelé pour demander des nouvelles du défunt ;Il leur a répondu qu’il n’a pas rencontré la victime depuis longtemps et a même participé à l’opération de recherches initiée par le père et ses amis pour retrouver D. Mohamed.
Lors de son passage à la barre, l’incriminé a tout fait pour réfuter la thèse du crime en déclarant au président : « Je n’avais nullement l’intention d’attenter à la vie du défunt.
Ce dernier voulait m’assener un coup de couteau, il s’est emparé d’un couteau qui était déposé sur le présentoir et allait me porter des coups, je le lui ai enlevé et lui ai assené plusieurs coups au niveau du cou et du thorax ! ». Il a par ailleurs affirmé que la victime le harcelait à cause des 68 millions de centimes qu’elle lui a empruntés.
A la question de savoir s’il avait tenté de secourir sa victime, le bourreau a répondu : « Je ne l’ai pas fait monsieur le président car j’avais très peur. J’ai pris la fuite et je me suis refugié dans la wilaya de Béjaïa ! ».
Dans son réquisitoire, le procureur général qui a requis la peine capitale a estimé que toutes les preuves légales et matérielles relatives à l’accusation sont formelles et fondées notamment en ce qui concerne l’intention criminelle et la préméditation dans cette affaire. Le même procureur a affirmé que l’inculpé ne mérite ni clémence ni indulgence du tribunal criminel pour la simple raison qu’il a commis un crime crapuleux sans motif.
Les avocats de la défense se sont contentés de demander l’application des articles ayant trait aux circonstances atténuantes conformément à l’article 53 bis du code pénal et l’article 592 du code de procédures pénales se basant sur le casier judiciaire vierge de leur client.
Apres les délibérations, le tribunal criminel a répondu à l’unanimité par « oui » quant à la culpabilité de l’inculpé et par « non » concernant les circonstances atténuantes. A la lecture du verdict, le bourreau est resté bouche-bée et jetait des regards évasifs sur les membres du tribunal et sur ses avocats.