Le bouillonnement s’intensifie au sein du parti FLN: le risque des impatiences

Le bouillonnement s’intensifie au sein du parti FLN: le risque des impatiences

Dans un entretien qu’il a accordé hier à Sawt El-Ahrar, quotidien appartenant au FLN, Ahmed Boumehdi a minimisé l’impact de ce mouvement sur le parti en qualifiant les signataires de personnes étrangères au parti.

Ça bouillonne toujours. Les hostilités s’accentuent au sein du parti majoritaire. L’appel lancé par les 14 anciens moudjahidine pour la délivrance du FLN confisqué a sérieusement remis au goût du jour la crise.

Quinze jours après l’appel des 14, la polémique s’amplifie entre partisans et opposants. La direction actuelle n’arrive toujours pas à avaler la pilule.

Le secrétaire général par intérim est intervenu en personne pour dénoncer cette campagne d’acharnement menée contre le secrétaire général du parti. Dans un entretien qu’il a accordé hier à Sawt El-Ahrar, quotidien appartenant au FLN, Ahmed Boumehdi a minimisé l’impact de ce mouvement sur le parti en qualifiant les signataires de personnes étrangères au parti. «Celui qui veut parler ou critiquer le fonctionnement du FLN n’a qu’à se diriger vers une kasma et s’inscrire sur la liste des militants», a-t-il déclaré. M.Boumehdi estime que ces personnes n’ont pas le droit de s’exprimer sur le FLN puisqu’ils ne sont pas militants. «Ils n’ont pas le droit de s’immiscer dans les affaires internes d’un parti auquel ils n’appartiennent pas», a-t-il clairement dit. Le représentant de Saâdani est allé loin jusqu’à douter de l’authenticité de l’appel des 14 figures historiques. Pour lui, «il s’agit d’un appel non identifié». Or, les signataires ont été clairement identifiés.

Ce sont des moudjahidine bien connus, à l’instar de Zohra Drif-Bitat, de Abdelkader Guerroudj, du commandant Azzeddine, du colonel Senoussi ou encore de Chérif Abdelmadjid. Ahmed Boumehdi qui a été chargé de transmettre le message à autrui a minimisé l’impact de cet appel sur le FLN. Selon lui, le parti appartient à ses militants et la direction actuelle a été choisie «lors du Xe congrès par les militants du parti». Le responsable par intérim a même défié les contestataires de la direction. «Ceux qui y voient autrement veulent déstabiliser le FLN. Mais ils n’y arriveront pas. Car c’est un parti très solide qui ne vacille devant rien», a-t-il soutenu. Ce dernier a même mis en garde «les aventuriers qui tentent de remettre en cause la légitimité des dirigeants du FLN», assurant que la base militante serait là pour défendre son parti et sa direction. M.Boumehdi pense que cette initiative n’est pas fortuite.

Le casse-tête des listes

Il estime que ces personnes ont agi pour «des intérêts étroits» vu, dit-il, que le FLN suscite des jalousies et de l’intérêt parce qu’il est le parti le plus structuré et le plus ancré dans la société, jouissant d’une «base militante très solide». Le remplaçant de Saâdani n’a laissé aucune partie. Dans sa réponse il a tiré à boulets rouges sur tous les adversaires. «Ceux qui parlent de la légitimité sont dans une position illégale car ils n’ont pas assisté au Xe congrès et ne font pas partie du comité central», a-t-il martelé. Ces déclarations ne vont pas tomber dans l’oreille d’un sourd.

Les opposants de Saâdani n’hésiteront pas à riposter de la manière la plus forte prochainement. Ces derniers n’ont jamais abandonné le combat. Ils reviennent à la charge à chaque fois que l’occasion se présente. L’échec des tentatives de coup d’Etat menées à plusieurs reprises, n’a en aucun cas diminué leur volonté. Belayat comme Abada sont convaincus du départ indispensable du patron du FLN qui est, selon eux, dans l’illégalité. Pour M.Belayat, l’appel de Zohra Drif, Abdelkader Guerroudj et compagnie s’adresse également «aux institutions concernées par la situation illégale que vit le parti». L’aile des redresseurs du Front de libération nationale (FLN) menée par Abderrahmane Belayat a vivement salué la position exprimée par le groupe de moudjahidine qui ont dénoncé la prise en otage du FLN par un groupe d’opportunistes.

La tension risque de monter d’un cran à la rentrée sociale. Sachant que le secrétaire général, Amar Saâdani a promis de répondre dès septembre à tous ses adversaires qui s’agitent, l’opinion publique peut s’attendre donc à une confrontation sans précédent.

Le secrétaire général du parti, Amar Saâdani, qui est en congé n’a pas raté l’occasion pour riposter. Dans une déclaration faite au journal Ennahar, Saâdani estime que ceux qui demandent son départ s’attachent à une illusion. «Ceux qui ont demandé au président de me limoger du poste de secrétaire général rêvent», a-t-il soutenu en assurant son maintien à la tête du parti.

A fond la polémique

Invincible, Amar Saâdani est loin d’être dérangé par les manoeuvres et les scénarii qui se fabriquent contre lui.

Il considère que les 14 moudjahidine ne représentent rien ni au sein du parti ni au sein de la scène politique. «Le parti FLN a ses instances légitimes et ses cadres et il est en train de faire un travail remarquable sur le terrain», a-t-il soutenu en laissant entendre qu’il n’a rien à craindre. Connu pour son franc-parler, Saâdani va sans doute, donner du fil à retordre à ses adversaires. Ce climat n’arrange guère le parti qui s’apprête à mener la bataille des législatives. Avec cette polémique, le parti risque d’aller aux élections en rangs dispersés.

La sélection des candidats ne sera pas chose facile. Le FLN risque de connaître tous les maux lors de l’élaboration des listes de candidatures. La bataille promet d’être rude et risque même de multiplier les fissures. A huit mois du rendez-vous capital, les esprits se manifestent. Des ministres, des députés, des responsables locaux, des cadres et des militants se bousculent au portillon.

Le salaire consistant et les avantages qu’offre le statut de député font motiver plus d’un. Avec un réservoir important de cadres compétents, la direction de Saâdani aura du mal à faire le tri. Celle-ci sera, sans doute, interpellée par les uns et les autres pour les privilégier. Pour rafler la mise durant les prochaines législatives, le secrétaire général semble avoir ficelé son plan d’attaque. Saâdani compte mettre des poids lourds comme têtes de listes au niveau des différentes wilayas pour cartonner aux élections.

Un choix qui ne va pas plaire forcément à tous les militants.

Les jeunes auxquels le FLN tend la perche, risquent d’être marginalisés devant des grosses pointures. Amar Saâdani qui a toujours fait de la jeunesse et du renouveau son slogan préféré sera devant un test décisif. Une chose est sûre, les prochaines échéances électorales ne passeront pas sans tracas au FLN. Le parti va étaler son linge sale en plein public en prenant l’opinion nationale à témoin. Le parti majoritaire est connu pour ses histoires à chaque élection ou opération de renouvellement des structures.

Les exclus vont toujours contester et critiquer les choix de la direction. Le parti qui veut à tout prix préserver sa place de leadership et renforcer davantage son poids sur l’échiquier politique devra prendre des précautions pour éviter la grogne au niveau de la base.