Les députés du Canada ont adopté, jeudi, une motion condamnant l’islamophobie. La motion en question portant le numéro M-103 a suscité une vive polémique à la Chambre des communes, entre les élus de la majorité libérale et l’opposition conservatrice.
L’auteure de la motion, la libérale Iqra Khalid, a dû défendre sa proposition, pourtant soutenu par le parti majoritaire, le PLC (Parti libéral du Canada). “M-103 ne donne pas des privilèges à une religion ou à une communauté aux dépends des autres. M-103 ne restreint pas la liberté d’expression. La motion n’est pas juridiquement contraignante”, a déclaré en plénière la députée, citée par l’agence Presse canadienne. La motion a été adoptée par els deux tiers des membres du Parlement.
Le vote de la motion a même créé un schisme au sein du Parti conservateur (opposition), puisque l’un des candidats à la chefferie du parti, Michael Chong, a voté pour la motion, contrairement aux autres candidats de la même formation politique. La motion M-103 suggère de condamner l’islamophobie et d’endiguer le climat de haine qui s’installe parmi la population.
Lors de la présentation du texte, lors d’un débat parlementaire, à la mi-février, le texte avait provoqué un tollé général à la Chambre des communes entre libéraux et conservateurs. La ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, avait justifié l’ajout du mot “islamophobie” dans le libellé de la motion par la hausse “des crimes haineux contre les musulmans”. “L’islamophobie, c’est clair, c’est une discrimination contre les musulmans”, avait-elle soutenu.
L’adoption du texte qui appelle donc Ottawa à “condamner l’islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination religieuse systémiques” intervient dans un contexte particulier marqué par le souvenir encore frais de la fusillade de la mosquée de Québec, où six personnes ont été assassinées, le 29 janvier dernier.
Deux Algériens figurent parmi les victimes. Récemment, au lendemain du débat sur la motion contre l’islamophobie a provoqué des manifestations de rue dans plusieurs villes canadiennes. Des manifestations des deux camps ont failli dégénérer. Il a fallu l’intervention de la police pour séparer les belligérants, dont des groupes d’extrême droite.