Le cartel du commerce extérieur veut faire plier le gouvernement : Le marché complètement déréglé

Le cartel du commerce extérieur veut faire plier le gouvernement : Le marché complètement déréglé

Discrètement mais avec une réelle volonté politique, cette fois-ci l’Etat a décidé de réagir et de s’attaquer frontalement aux gros bonnets de la surenchère et de la spéculation qui tentent par tous les moyens de contrôler le marché des produits de première nécessité comme le sucre, l’huile, la farine, le blé et les légumes secs.

Le dernier rapport de l’Office national des statistiques (ONS), qui a indiqué que l’indice des prix à la consommation a connu une variation de plus de 4,62 % durant les six premiers mois de l’année, illustre parfaitement le dérèglement du

marché.

S’agit-il d’une action initiée et coordonnée par le cartel afin de tâter le pouls ou de mettre à mal la cohésion du gouvernement ? Peut-il s’agir tout simplement d’un bras de fer que ce même cartel veut engager pour tenter de faire savoir à l’Etat qu’il est le seul maître à bord ? L’Etat est aujourd’hui plus que jamais décidé à remettre les pendules à l’heure.

Le gouvernement n’a apparemment pas l’intention de traîner dans ce domaine. La récente montée au créneau du ministre du Commerce Mustapha Benbada est révélatrice du sentiment de désarroi qui prédomine chez les citoyens.

«Il ne s’agit pas là d’une démonstration de force, à la veille du mois de ramadan. La démarche s’inscrit dans une série de mesures initiées par le gouvernement pour libérer le marché des spéculateurs qui font la loi et déterminent les prix, souvent au détriment du pouvoir d’achat des citoyens pris au piège», avait affirmé Mustapha Benbada lors de son dernier passage à l’Assemblée populaire nationale.

Le gouvernement, qui s’est insurgé contre certaines pratiques commerciales, l’a fait savoir officiellement en initiant une loi des plus restrictives. Dans la foulée, les services fiscaux ont enquêté sur une trentaine de gros importateurs. Un groupe infiltré au plus haut niveau des structures de l’Etat.

Ce groupe d’individus veut dominer entièrement le marché extérieur. Aujourd’hui, il est incommodé dans son activité à cause de la politique de préférence nationale et de protection mise en place par le gouvernement Ouyahia. Auparavant, le secteur de la distribution et de la revente en l’état était détenu par des entreprises publiques et cela jusqu’au début des années 1990.

Depuis, ce secteur est contrôlé par des opérateurs privés qui ont voulu rompre l’oligopole de ces entreprises nationales. Ils ont créé leurs propres sociétés et ont pu récupérer une grande partie du marché pour le verrouiller ensuite.

Aujourd’hui, ces opérateurs s’attaquent à l’autorité de l’Etat et font peser un danger réel sur l’économie. Le récent épisode tragicomique de la viande que le gouvernement voulait importer du Soudan est la parfaite illustration du poids du cartel qui s’est imposé en réussissant, par exemple, à faire capoter la transaction au motif que le cheptel soudanais est contaminé.

La raison réelle est que le coût de la viande importée du Soudan est moins élevé que celui de celle importée des pays traditionnels tels que l’Argentine ou l’Uruguay. La marge bénéficiaire est donc moins importante. Toute la question est là.

Mahmoud Tadjer