Le chef de la division économique du CNES : «Changer notre modèle économique»

Le chef de la division économique du CNES : «Changer notre modèle économique»

Les recettes en devises de l’Algérie ont baissé de 44% durant les huit premiers mois de l’année en cours sous l’effet de la chute drastique des cours du pétrole, a révélé dernièrement le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. La situation économique du pays est de ce fait critique. Le chef de la division économique du CNES a tout bonnement remis en cause le modèle économique actuel qu’il appelle à changer. «Dans ce contexte-là, il est question de prendre des dispositions afin d’atténuer les méfaits de cette nouvelle conjoncture», a-t-il recommandé.

Faudrait-il s’en inquiéter ? Mohamed Bekalem, rédacteur du rapport de conjoncture du Conseil national économique et social qui devait être présenté ce lundi, s’est montré rassurant. «On n’est pas encore en situation de crise, mais qui le présage à court et à moyen terme dans la mesure où nos recettes en devises issues des exportations des hydrocarbures qui constituent la principale source du pays, ont fortement chuté», a-t-il en effet affirmé dans son intervention sur le sondes de la Chaîne III de la Radio nationale.

Il a estimé que le pays n’est pas à l’abri d’une situation de crise. Le chef de la division économique du CNES a tout bonnement remis en cause le modèle économique actuel qu’il appelle à changer.

«Dans ce contexte là, il est question de prendre des dispositions afin d’atténuer les méfaits de cette nouvelle conjoncture. Outres les dispositions contenues dans le projet de loi de finances 2016 en débat à l’APN, il est surtout question d’un changement structurel de l’économie nationale dans le sens de plus de diversification de la production, de plus de diversification des exportations et surtout de durabilité», a-t-il précisé. Dans son intervention sur les ondes de la Chaîne III, il a abordé le contenu de ce même rapport qui confirme la situation de déficit commercial, de celle de la balance des paiements et du fait «que nous serons en déficit budgétaire à la fin de l’année», en raison de l’effritement des réserves de change (160 milliards de dollars). «Le Fonds de régulation des recettes (FFR) que nous avons mis tant d’années à constituer, a été grignoté» de près du tiers, au premier semestre de 2015», a-t-il relevé en outre. Considérant que le changement de croissance et de l’investissement «ne se décrètent pas», Mohamed Bekalem a appelé à préparer celui-ci en termes d’incitations, de cadre juridique, d’accès au foncier, mais aussi en termes de régulation des importations.

«Le problème c’est de muter d’un modèle à un autre avec des effets les moins négatifs possibles», a-t-il soutenu. Ce qui est clair, aux dires de l’intervenant, c’est que la situation actuelle n’est pas tenable d’une part et les experts s’accordent à dire qu’il n’y a aucun espoir de voir les cours du pétrole rebondir. «Il n’existe aucune autre alternative que de produire. Les changements ne s’opèrent pas sous la contrainte. On ne change pas pour changer. Il serait plutôt intelligent de changer avant que la contrainte ne s’accentue», a averti le chef de la division économique du CNES.

«Le fait de satisfaire les besoins nationaux à plus de 70% par l’importation n’est plus soutenable d’autant que ce sont ceux qui possèdent le plus de moyens qui en bénéficient le plus», a conclu Mohamed Bekalem.

F. H.