La réponse du président de l’association des Oulémas Musulmans Algériens, Abderrezak Guessoum, aux derniers propos du président français Emmanuel Macron, est si démesurée qu’elle pousse à réfléchir sur les limites des tensions qui ont dernièrement éclaté entre Alger et Paris.
La réponse de Guessoum sonne comme une histoire d’un autre temps. On y sent même un parfum de croisades et un fort soupçon de poudre à canon des coalitions précoloniales. Le représentant des Oulémas n’a pas hésité à comparer la France historique, respectivement, au « diable », à « la Covid », et au « SIDA ».
En effet, Guessoum brouille les pistes et commet des raccourcis malsains entre la France d’aujourd’hui et celle d’hier. Il indique qu’il y a entre l’Algérie et la France « un fossé civilisationnel… plus vaste que la mer méditerranéenne », et que « notre mémoire meurtrie refuse d’oublier, de tourner la page et de se réconcilier » avec la France.
Pour lui donc la France est toujours « le Diable », comme l’avait dit autrefois « Mohamed Bachir Ibrahimi pour qualifier le colonialisme ». Mais Guessoum se voulait plus moderne. Il va comparer donc la France historique avec qui il ne va pas se réconcilier au « coronavirus » puis au « SIDA qui, une fois s’empare d’un peuple élimine son immunité civilisationnelle »
Pour Guessoum, « il faut couper les liens » avec la France
C’est dans un article qu’il a rédigé et publié sur le site web de son association, que Abderezak Guessoum, l’homme fort des Oulémas, est revenu sur les dernières déclarations commises par le président français Emmanuel Macron. Pour Guessoum, l’heure est grave. Il affirme que « la France est la source de nos misères et de nos afflictions ».
Guessoum va jusqu’à soutenir qu’il nous faudra « couper tous les liens qui nous unissent » à la France. Il souligne notamment que « nous sommes tenus de résilier les accords économiques et commerciaux avec les entreprises françaises ».
Pour le président de cette association fondée par l’illustre Abdelhamid Ibn Badis, « nous devons rompre le lien culturel avec la culture des agresseurs ». Tout cela, indique Guessoum, pour que l’on puisse retourner « à notre civilisation islamique, l’approfondir, et former l’esprit algérien à sa lumière ».
Guessoum « défend l’existence et les frontières » de l’Algérie
Pour rappel, Macron, lors de sa rencontre avec ce qu’il avait qualifié comme étant « les petits fils de la guerre d’Algérie », a remis en question l’existence de l’Algérie en tant que nation avant la colonisation Française. Le président français a également tenu un discours menaçant à l’égard « des dirigeants », confiant que ce sont eux qui vont être touchés par la décision de la réduction des visas.
Pour Guessoum « la question de réduire le nombre de visas accordés aux Algériens, et d’honorer les Harkis qui ont trahi leur patrie » constitue « une agression contre la mémoire des moudjahidines et des patriotes ». Le président de l’association ouvertement islamiste indique également que « Macron a levé l’étendard de l’islamophobie en France » et qu’il a « fermé des mosquées et réprimé des imams et des fidèles ».
Sur un plan plus politique, Guessoum évoque « le flagrant parti pris » de Macron « dans les questions internationales telles que la cause Palestinienne, celle du Sahara occidental, du Mali, de la Libye, et d’autres, pour faire dévier les positions des Algériens ».