La police française a arrêté jeudi matin quatre membres supposés de l’ETA, dont son chef militaire présumé et un homme soupçonné d’être impliqué dans le meurtre d’un policier français en mars dernier près de Paris.
Mikel Kabikoitz Karrera Sarobe, dit « Ata » et considéré comme le chef militaire de l’organisation séparatiste basque, se cachait à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), ont déclaré les autorités françaises et espagnoles.
Ces vingt dernières années, les deux pays ont arrêté de nombreux chefs militaires de cette organisation, qui fonctionne de manière rigide avec une direction collégiale, prête à remplacer très vite un responsable.
« Ata » a été interpellé avec Arkaitz Aguirregabiria Del Barrio, présenté par la police comme l’homme qui a abattu le 17 mars en Seine-et-Marne Jean-Serge Nérin, 52 ans, premier policier victime de l’ETA en France.
Une femme membre présumée de l’ETA, Maite Aranalde Ijurco, a été interpellée à Bayonne. A Urrugne, village proche de Saint-Jean-de-Luz, Benoît Aramendi, présumé etarra de nationalité française et son amie Laetitia Chevalier ont été arrêtés.
Le Raid, unité d’élite de la police, a mené les opérations. Des armes ont été saisies.
Identifié par les policiers à l’aide d’une photo et âgé de 37 ans selon les autorités, « Ata » passe pour être le chef militaire de l’ETA depuis l’arrestation, le 28 février en France, d’Ibon Gogeascoechea, son prédécesseur, dit-on de source policière.
L’AFFAIRE NÉRIN RÉSOLUE ?
Arkaitz Aguirregabiria Del Barrio, 27 ans, aurait été formellement identifié par des témoins du meurtre de Jean-Serge Nérin, dit-on de même source.
Le crime s’était déroulé à Villiers-en-Bière lors d’un contrôle opéré par des policiers français sur quatre personnes qui remplissaient d’essence les réservoirs de plusieurs voitures.
Une première fusillade était intervenue, qui n’avait pas fait de victime, et un homme, Joseba Fernandez Aspurz, 27 ans, avait été menotté. Deux autres voitures étaient alors arrivées et une autre fusillade avait éclaté, durant laquelle Jean-Serge Nérin est mort, atteint par une balle passée sous l’aisselle.
Joseba Fernandez Aspurz est aujourd’hui en prison pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste après un imbroglio intervenu dans cette procédure, en raison de témoignages défaillants.
Des réquisitions judiciaires avaient été envoyées aux médias français pour les contraindre à diffuser des enregistrements d’une caméra d’hypermarché censés montrer cinq suspects du crime, alors identifiés par les policiers français.
Les hommes sur les images étaient en fait des pompiers catalans en vacances en France, sans rapport avec les faits.
Le suspect aujourd’hui désigné par la police, Del Barrio, est présenté comme « un haut responsable de l’appareil militaire de l’ETA violent et sanguinaire » par les enquêteurs français.
La mort de Jean-Serge Nérin avait provoqué une vive émotion en France et en Espagne. Nicolas Sarkozy avait réclamé une peine incompressible de 30 ans pour les tueurs de membres des forces de l’ordre et promis d’éradiquer les bases de l’ETA en France.
Le coup de filet de jeudi a été organisé dans le cadre d’une enquête menée par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), en coordination avec la Garde civile et les services du renseignement espagnols.
Les autorités françaises et espagnoles ont arrêté plusieurs membres haut placés de l’ETA depuis 2008. L’organisation, qui a fait plus de 850 morts depuis la fin des années 1960, a été affaiblie par une série d’arrestations. Plusieurs centaines d’etarras sont en prison en France.
Thierry Lévêque et Nicolas Bertin, avec Claude Canellas à Bordeaux, édité par Yves Clarisse