Le cinéma algérien dispersé dans son pays

Le cinéma algérien dispersé dans son pays

Jamais le cinéma algérien n’a été autant dispersé que depuis ces dernières années. Dans le passé, une seule entreprise finançait le cinéma algérien. Aujourd’hui, la multiplication des fonds d’aide n’a pas aidé le cinéma algérien, mais l’a éloigné de ses repères et de sa vision.

Aujourd’hui la majorité des films est financée par l’Aarc, d’autres sont soutenus par le ministère des Moudjahidine alors que certains sont financés par une aide étrangère en majorité française. Comme c’est le cas du film de Merzak Allouache «Madame Courage» qui était présent à Annaba pour se refaire une virginité cinématographique en Algérie. Lors de sa rencontre avec la presse, le réalisateur a refusé de répondre aux questions et notamment celle posée par un journaliste palestinien sur la programmation de son film au festival d’Ashdod dans les territoires occupés par Israël. Le réalisateur qui entamera le tournage de son film sur la presse algérienne en collaboration avec El Khabar, n’a pas souhaité entrer dans la polémique comme il l’a si bien fait lors de la projection de son film «Normal» au festival d’Oran. Au-delà de la qualité artistique du film, l’oeuvre n’a pas suivi le processus de production en Algérie et a plus respecté celui en France. A côté de ce film, un autre film algérien qui était en compétition aux JCC avec «Madame Courage» méritait d’avoir sa place à Annaba, mais la commission de sélection l’a refusé, c’est le film de Lotfi Bouchouchi «Le Puits», dont la qualité artistique et thématique a été saluée par le grand Mohamed Lakhdar Hamina. Le film «Le Puits» est sans doute le film sur la révolution algérienne qui a le plus réussi dans les festivals dans le monde. Après son grand succès au festival d’Alexandrie, où il a récolté quatre Prix dont celui du meilleur réalisateur et meilleur film. Après sa sélection aux JCC de Tunis et au festival de Bruxelles, il était donc presque naturel, voire logique qu’il soit programmé à Annaba, Constantine ou Alger. Mais le cinéma algérien comme ceux qui le fabriquent se sont une nouvelle fois dispersés dans les chemins insidieux. Même constat pour les deux derniers films d’Ahmed Rachedi qu’aucun festival algérien n’a voulu prendre en considération. Le dernier film de Mohamed Lakhdar Hamina n’a également pas trouvé sa véritable place dans le giron du cinéma national, car il est entré dans un processus de production très complexe qui le mènera, j’espère, aux Oscars. Il y a quelques jours, un film réalisé par l’enfant de Cirta, Mohamed Hazourli, n’a pas rempli les critères artistiques pour être sélectionné dans un des festivals nationaux, alors qu’en revanche un autre enfant de Constantine Mehdi Abdelhak, avait réussi à séduire avec son téléfilm «Le marin», produit par l’Entv et a honoré la profession par la qualité cinématographique de son oeuvre. Dans ce magma de films algériens financés par des sources diverses, l’Algérie ne doit pas se perdre dans les calculs personnels de producteur, mais réfléchir comment faire la promotion du cinéma algérien à l’étranger.