Le dernier acte de violence commis à Ghardaïa où un véhicule, à bord duquel se trouvait quatre personnes appartenant à la communauté mozabite, a été la cible d’un cocktail Molotov, rend de plus en plus difficile les efforts du gouvernement à restaurer la quiétude dans cette wilaya. Devant cette nouvelle escalade, le collectif des Mozabites d’Europe est de nouveau monté au créneau à travers une lettre adressée aux autorités algériennes et à la presse.
La lettre signée par Abdellah Zekri, par ailleurs président de l’observatoire contre l’islamophobie en France, est un véritable cri de colère face à ce qui est considéré comme « l’aggravation des actes de violence contre les habitants de la vallée du M’Zab », et aussi « l’incapacité des pouvoirs publics à faire appliquer le droit à la paix et à la sécurité ». Tout en condamnant le dernier acte commis contre les membres de la communauté mozabite, les auteurs de la lettre exigent des autorités « que toutes les dispositions soient prises pour traduire ces criminels en justice ».
Revenant sur la situation de déstabilisation et d’insécurité que vit la wilaya de Ghardaïa depuis 18 mois, les auteurs de la lettre croient comprendre que Ghardaïa « semble avoir été délibérément abandonnée à une poignée de criminels décidés à semer la terreur ». Il est en effet soulignée dans la lettre qu’en dépit d’un dispositif sécuritaire important, « des hordes de criminels continuent à perpétrer quotidiennement des agressions de tous genres contre les citoyens, sans être inquiétées, des agressions sont commises près des points de positionnement des forces de l’ordre sans qu’il y ait une réaction immédiate et ferme de la part de ces dernières pour protéger les personnes et les biens ».
Abdellah Zeki, relève en outre que « la dernière attaque au cocktail Molotov perpétrée contre des usagers de la route nationale n° 1 au niveau de la localité de Berriane s’est déroulée en toute impunité ». Ce qui le conduit à conclure que désormais « tout Mozabite, homme, femme ou enfant est désormais devenu la cible à abattre sous le regard impassible des représentants des forces de l’ordre ». Ainsi donc, les forces de l’ordre sont mises ouvertement en accusation.« La dernière attaque sauvage en est la preuve flagrante », avance Abdellah Zekri qui relève ce paradoxe : « lors de l’immolation barbare du pilote Jordanien, la terre entière s’est indignée y compris notre pays, l’Algérie. Quatre Mozabites vivent le même sort, immolés dans leur voiture qui a servi de cage, brûlés vifs en plein jour et à peine quelques lignes dans les médias algériens !
Aucune indignation, aucun message de solidarité de la part des officiels qui auraient pu par un acte de soutien, soulager la douleur des victimes et de leurs familles ». Devant une telle situation , notamment marquée par des soupçons contre les forces de sécurité, les auteurs de la lettre s ’interrogent. « a-t-on pris la décision d’abandonner ce territoire aux forces obscures ? Car au-delà de la réponse sécuritaire défaillante, au regard du nombre grandissant des agressions physiques, aucune autre disposition durable au profit de la cohésion sociale n’est mise en œuvre par les pouvoirs publics ».
La solution du tout sécuritaire, seule réponse apportée par les autorités semble insuffisante, voire inefficiente aux yeux des auteurs de la lette qui soulignent que « rien pour absorber la colère de la rue et l’absence de perspectives de la jeunesse locale. Rien pour retisser les liens entre les citoyens pour recréer les conditions du vivre ensemble ».
En conclusion, les auteurs de la lettre affirment avec force « qu’il n’y a plus de temps à perdre en tergiversations, car la situation se dégrade beaucoup trop vite ». Pour eux, « sans réelle volonté politique de mettre un terme au chaos et de ramener au plus vite la vallée du M’Zab dans le giron de la République Algérienne, nous risquons d’assister à une forme de :« daechisation » de ce territoire autrefois connu pour être un havre de fraternité, de paix et de sérénité ».