Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté vendredi à une rare unanimité une résolution sur le conflit syrien prévoyant notamment un cessez-le-feu et la mise en place d’un gouvernement de transition.
Le texte de quatre pages, qui a fait l’objet d’intenses tractations, demande à l’Onu de préparer un mécanisme de supervision du cessez-le-feu dans un délai d’un mois et d’organiser début janvier des négociations formelles entre le gouvernement de Damas et l’opposition.
Le cessez-le-feu pourra entrer en vigueur « dès que les représentants du gouvernement syrien et de l’opposition auront fait les premiers pas en direction d’une transition politique sous l’égide de l’Onu », dit la résolution.
Le texte prévoit la mise en place d’un gouvernement de transition et l’organisation d’élections, précisant qu’il revient au peuple syrien « de décider de l’avenir de la Syrie » — un point sur lequel la Russie a insisté face aux pays occidentaux et arabes qui demandent le départ de Bachar al Assad dès le début du processus de transition. Le sort du président syrien continue de susciter de « fortes divergences », a précisé le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, à l’issue du vote.
Parallèlement aux tractations à l’Onu, les pays du Groupe de soutien international à la Syrie (ISSG) ont tenu vendredi une troisième réunion depuis le lancement fin octobre de cette initiative diplomatique qui intègre l’Iran pour la première fois depuis le début du conflit syrien, en mars 2011.
Les chefs de la diplomatie des 17 pays qui le composent, dont la Russie, les Etats-Unis, la France, la Turquie, l’Arabie saoudite et, donc, l’Iran, se sont retrouvés au Palace Hotel de New York. Ils devaient affiner la feuille de route pour la paix en Syrie qu’ils ont définie lors des deux premières conférences internationales, les 30 octobre et 14 novembre à Vienne, et que la résolution du Conseil de sécurité est venue appuyer.
Le sort d’Assad en suspens
La feuille de route prévoit le lancement en janvier de négociations entre Damas et l’opposition syrienne pour la constitution d’un gouvernement d’union nationale et d’éventuelles élections, ainsi qu’un cessez-le-feu dans toute la Syrie, qui ne s’appliquerait pas à l’Etat islamique, au Front al Nosra et à d’autres groupes armés.
Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré que l’un des objectifs de la réunion de New York était de clarifier le calendrier des négociations entre le gouvernement et l’opposition.
Parmi les autres sujets à l’ordre du jour figuraient la création du mécanisme de surveillance d’un futur cessez-le-feu et la composition de l’équipe de négociateurs qui représentera l’opposition syrienne aux pourparlers – cette dernière faisant d’ores et déjà l’objet de critiques de la part de Damas et de ses alliés qui dénoncent la présence en son sein de groupes « terroristes ».
Une conférence réunissant des opposants syriens la semaine dernière en Arabie saoudite a abouti à la désignation d’un « secrétariat » de 34 membres qui s’est lui-même choisi comme coordinateur en vue des négociations l’ancien Premier ministre Riad Hidjab.
Ce dernier a déclaré vendredi que l’opposition n’accepterait pas que Bachar al Assad reste au pouvoir pendant la phase de transition. « Nous irons à ces négociations sur ce principe, nous n’engagerons pas de discussions sur autre chose. Il n’y aura pas de concessions », a-t-il dit à la presse.
Lors de sa conférence de presse de fin d’année, vendredi, Barack Obama a répété lui aussi que la Syrie ne pourrait retrouver la stabilité tant que Bachar al Assad serait au pouvoir. « Je pense qu’Assad devra partir pour que le sang cesse de couler dans le pays et que toutes les parties puissent avancer sur la voie d’une solution non confessionnelle. Il a perdu toute légitimité », a dit le président américain, tout en admettant que les intérêts de Moscou et Téhéran, principaux soutiens du président syrien, devaient être « garantis ».
De sources diplomatiques, on rapporte que la Russie a fait savoir qu’elle ne s’opposerait pas à un éventuel départ du chef de l’Etat syrien à la fin de cette période de transition, même si elle ne l’admettra pas publiquement.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a, lui, répété vendredi qu’il n’y avait « aucune alternative » à la tenue d’élections pour déterminer l’avenir de Bachar al Assad. Autant dire que rien n’est encore gagné, tant les positions tranchées des uns et des autres sur le devenir du dictateur sanguinaire Bachar al Assad ne sont pas près d’être applanies. C’est un début diront les optimistes. Mais on est loin de voir le calendrier établi être respecté par Assad et les différentes parties.
Avec Reuters