Le Président Bouteflika condamne « avec la plus grande fermeté » l’attentat de Gao
Accélérer la mise en œuvre de l’Accord d’Alger
L’Algérie a exhorté à New York les parties maliennes à tenir leurs engagements pour la paix, en œuvrant à surmonter les obstacles à la réconciliation au Mali. « Oui, nous n’avons pas encore atteint notre destination mais nous ne pouvons pas et nous ne devons pas abandonner malgré les obstacles que nous rencontrons sur le chemin de la paix », a déclaré le représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, M. Sabri Boukadoum lors de son intervention au Conseil de sécurité.
Le représentant de l’Algérie qui a été invité par cet organe onusien pour discuter des efforts de la médiation au Mali, a relevé que « les défis, les frustrations et les attentes légitimes non satisfaites » devraient inciter toutes les parties impliquées dans le processus de paix au Mali à accélérer la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.
« Cela signifie clairement que nous devons accélérer la réalisation de nos objectifs communs, mais nous devons faire très attention à toute démarche susceptible de (rendre) difficile la mise en place du processus » de paix, a ajouté M. Boukadoum qui s’est dit aussi troublé par l’horrible attentat qui a visé mercredi dernier un camp de regroupement militaire à Gao. « Pour toutes ces raisons, nous estimons nécessaire de dire avec beaucoup de franchise que nous avons besoin dans ce contexte que le Conseil de sécurité réaffirme ses encouragements et son soutien à l’Accord d’Alger » et au comité de suivi de l’accord de paix, a-t-il dit.
Il a relevé que les autorités maliennes ainsi que toutes les parties à l’Accord ont constamment réaffirmé leurs engagements sans équivoque en faveur de la pleine mise en œuvre dudit accord. « Je dois dire que jusqu’à présent, le sentiment de mes autorités est que la mise en œuvre de l’Accord n’est pas contestée par les autres parties maliennes », a-t-il noté, en appelant à éviter d’utiliser les malentendus comme prétexte pour renoncer au processus de paix.
M. Boukadoum a soutenu qu’aucune partie n’avait le droit de compromettre ce processus par un comportement injustifié ou des remises en question sempiternelles de ce qui a été auparavant pleinement accepté. Il a salué à ce propos les autorités au Mali pour avoir accepté de désigner un haut représentant du président malien pour mettre en œuvre l’accord de paix, souhaitant que cette initiative puisse ouvrir la voie à la mise en place des patrouilles conjointes et des autorités intérimaires, prévues par l’accord.
La communauté internationale doit appuyer le processus de médiation qui pourrait servir de modèle pour d’autres situations de crise, a-t-il soutenu. Le processus de paix au Mali s’inscrit pleinement dans la vision de la prévention des conflits, privilégiée par le nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui envisage des actions dans ce sens en s’appuyant sur les parties concernées et l’engagement des pays voisins ainsi que sur des mécanismes régionaux, a-t-il poursuivi. Et de conclure que l’Algérie qui a « mobilisé d’énormes ressources humaines et matérielles pour (soutenir) la paix et la réconciliation dans ce pays frère et voisin n’allait pas se soustraire à ses responsabilités envers tous les Maliens et envers leurs autorités ».
L’Algérie, chef de file de la médiation internationale
Le Conseil de sécurité de l’Onu a salué les efforts menés par l’Algérie pour le règlement de la crise au Mali, en affirmant son engagement à accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix, issu du processus d’Alger. Les membres du Conseil de sécurité, réuni mercredi dernier, « saluent le rôle joué par l’Algérie, chef de file de la médiation internationale, les acteurs régionaux et internationaux » dans le processus de paix au Mali et « expriment leur volonté de continuer à suivre de près la mise en œuvre de l’accord de paix », a indiqué le Conseil de sécurité dans une déclaration aux médias, publiée à l’issue d’un briefing sur la situation sécuritaire au Mali.
L’organe onusien a fait savoir qu’il avait examiné au cours de cette réunion d’information les moyens d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, y compris la possibilité d’imposer des sanctions ciblés contre les parties qui entravent délibérément le processus de paix. Tout en condamnant l’attentat contre un regroupement militaire à Gao qui a fait mercredi une cinquantaine de morts et une soixantaine de blessés, le Conseil de sécurité a appelé le gouvernement malien, la coordination des mouvements Azawad et les groupes mouvements de la plateforme à respecter leurs engagements notamment les dispositions de l’accord relatives à la mise en place des patrouilles conjointes et des autorités intérimaires.
Sur cette question le ministre malien des Affaires étrangères, de la coopération internationale et de l’intégration africaine, Abdoulaye Diop, a informé le Conseil de sécurité que les autorités intérimaires seront installées, au cours du premier trimestre 2017, dans toutes les localités où les élections communales n’ont pu être organisées. L’opération, lorsqu’elle sera terminée, permettra d’accélérer le redéploiement de l’administration et de faciliter la réinstallation des services sociaux de base, a-t-il dit. Les actions menées et les mesures annoncées illustrent la détermination du gouvernement à « mettre en application de façon effective et intégrale, l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger », a-t-il souligné.
Le chef de la diplomatie malienne a tenu à remercier à ce titre le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui a « joué un rôle extrêmement important pour le retour de la paix au Mali » en soulignant « les sacrifices consentis par l’Algérie » pour rétablir la paix dans la région. Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a annoncé la tenue imminente d’une réunion de haut de niveau de la médiation internationale, conduite par l’Algérie.
Ladsous qui s’exprimait devant le Conseil de sécurité a indiqué avoir discuté avec le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, de la nécessité d’une réunion de haut niveau de la médiation internationale, dont la tenue devrait avoir lieu incessamment. Il a ajouté qu’une accélération de la mise en œuvre de l’accord pour la paix au Mali, issu du processus d’Alger, était la seule voie possible pour stabiliser le pays.
Attentat de Gao
Solidarité avec le peuple malien
Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message de condoléances à son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta, dans lequel il a condamné « avec la plus grande fermeté » l’attentat perpétré mercredi dernier au nord du Mali. «C’est avec une profonde consternation que j’ai appris la terrible nouvelle de l’attentat terroriste survenu le mercredi 18 janvier 2017 contre un site de regroupement du Mécanisme opérationnel conjoint (MOC) à Gao au nord du Mali, qui a occasionné la perte de nombreuses vies humaines », a écrit le Chef de l’Etat dans son message.
« L’Algérie tient à condamner avec la plus grande fermeté cet acte criminel odieux et à assurer le peuple malien de sa profonde solidarité », a-t-il ajouté. « En cette douloureuse circonstance, je tiens également à vous présenter, au nom du peuple et du gouvernement algériens ainsi qu’en mon nom personnel, nos condoléances les plus attristées et vous prie de transmettre mes sentiments de compassion aux familles et aux proches des victimes ainsi que mes souhaits de prompt rétablissement aux blessés de ces lâches attentats », a poursuivi le Président Bouteflika. « Je suis convaincu que le peuple malien saura, en ces moments de deuil et de recueillement, mobiliser ses forces pour transcender cette difficile épreuve et poursuivre résolument son engagement pour la promotion et la consolidation de la sécurité, du développement et de la paix au nord du Mali », a conclu le Chef de l’Etat.