Noureddine Boukrouh était mardi l’invité surprise du forum de Liberté. Il faut dire que la nombreuse assistance en a pour son « argent ». Avec son style décapant alternant entre les registres de la dérision et de la gravité, l’ex ministre du commerce qui nous apprend avoir démissionné trois fois de son poste de ministre du commerce (démission autant de fois refusée par Bouteflika) a taillé au scalpel la situation politique en Algérie.
Dernier évènement en date : le congrès du FLN. « Ce congrès m’a traumatisé », va-t-il d’emblée asséner. Pourquoi ? par son déroulement. Par les images qu’il en garde. « j’ai vu des ambassadeurs étrangers invités au congrès pour se voir infliger des images de Bouteflika lorsqu’il était ministre des affaires étrangères, voilà qui nous projette dans l’avenir. C’est affligeant » s’est-il offusqué.
Pour Boukrouh, les choses sont claires : dans ce congrès, « on reconnait de bout en bout le style de Bouteflika ». Il est convaincu que c’est lui qui a tiré les ficelles de derrière les rideaux. Ce qui veut dire qu’il est conscient, qu’il décide ? interroge un journaliste. Mais bien sûr que oui répond Boukrouh pour qui « prétendre que Bouteflika est inconscient, c’est le dédouaner de ses actes ».
Plus largement, et au sujet de la situation politique, notamment le retour d’Ouyahia, sa coïncidence avec le congrès du FLN, le fondateur du PRA n’y voit que du mauvais cinéma. «Il n’y a pas de carte politique en Algérie. Il y a une personne derrière le rideau qui tire des cartes usées. Ce sont les fantaisies et les humeurs souvent changeantes qui font la décision politique… », a-t-il jugé.
Son constat est sans appel pour la simple raison, selon lui, que l’Algérie n’a pas d’économie. « Je ne peux pas débattre d’économie puisqu’il n’y en a pas en Algérie. Les grandes Nations ont besoin de connaitre les indicateurs et autres paramètres économiques alors qu’en Algérie il suffit de savoir si le prix du pétrole a augmenté ou a baissé».
Enfin, Boukrouh termine son intervention en exprimant un pessimisme morbide quant à l’avenir de l’Algérie. « il y a eu 200.000 morts pendant la décennie noire, bientôt il y aura 2 millions de morts, au train où vont les choses ».
Souhaitons, à Dieu ne plaise, que ce genre de prophétie du malheur ne se réalise jamais, quand bien même beaucoup de choses restent à faire, comme l’absence d’autorité, des situations de non droit, la corruption et les velléités régionalistes qui menacent l’unité de la nation.