La ténacité avec laquelle les économies africaines ont affronté la crise mondiale et les prévisions de croissance de ces dernières, estimées à 6% à l’horizon 2015, ont fait que les investissements reviennent en Afrique, et la plupart proviennent des pays émergents, à l’image du Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine ( BRIC ). Ainsi, l’Afrique constitue un marché d’investissement très important.
« Les entreprises recherchent de nouveaux marchés pour investir et le moment est venu pour l’Afrique d’en être », a estimé Mme Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale à la Banque mondiale à Harvard (USA). Selon elle, les économies de l’Afrique subsaharienne, notamment, pèsent plusieurs milliards de dollars et bénéficie d’une croissance plus rapide que celles du Brésil et de l’Inde durant la dernière décennie. Elles progresseront plus vite entre 2010 et 2015.
A cette cadence « l’Afrique subsaharienne est en passe de rejoindre le groupe des BRIC », a insisté Mme Okonjo-Iweala en affirmant que l’Afrique peut devenir une nouvelle source de la demande mondiale, avec une population qui pourrait rapidement rivaliser avec celles de la Chine et de l’Inde.
« Il est grand temps que l’Afrique se considère et s’affirme comme le « cinquième BRIC », qu’elle devienne une destination attractive pour l’investissement, et pas seulement pour l’aide », a déclaré Mme Okonjo-Iweala durant son discours à Harvard.
En outre, la responsable de la Banque mondiale revient sur le pouvoir de décision des pays en voie de développement au sein de la Banque mondiale avec l’arrivée des BRIC et d’autres économies devenues récemment influentes. Selon elle, la part des pays en développement dans le produit intérieur brut (PIB) mondial, en termes de parité de pouvoir d’achat, est passée de 33,7 % en 1980 à 43,4 % en 2010.
« Cette croissance s’est traduite à la Banque mondiale par une augmentation des droits de vote en faveur des économies en développement et en transition », a-telle révélé en expliquant que, lors des réunions de printemps qui se sont tenues en avril dernier, les 186 pays membres de la Banque ont en effet décidé d’augmenter le pouvoir de vote des pays en développement de 3,13 %, portant leur part du total des voix à 47 %.
La Chine devient ainsi le troisième principal actionnaire de la Banque. La part de voix attribuée à la Turquie, au Mexique, au Brésil et à l’Inde va augmenter de manière significative, afin de refléter leur nouvelle position dans l’économie mondiale.
La part de l’Afrique subsaharienne est, quant à elle, passée de 5,55 % à 5,86 %. La plupart des pays africains, comme l’Éthiopie, le Liberia, le Mali et l’Ouganda, bénéficieront d’une augmentation de leur nombre de voix. Ainsi, l’Afrique subsaharienne a gagné un nouveau siège au Conseil des Administrateurs de la Banque mondiale, qui compte désormais 25 membres.
« Dans la mesure où la Banque prend ses décisions davantage par consensus qu’en recourant à des votes, ce nouveau siège autour de la table permettra de faire entendre – littéralement – la voix et les préoccupations de ces pays avec plus de force et de clarté », avait déclaré Carlos Alberto Braga, directeur à la Banque mondiale.
A noter que près des deux tiers des employés de BM viennent des pays en développement ou en transition.
La Banque a également entamé, au cours des trois dernières années, un virage significatif en faveur de la représentation des pays en développement au sein de ses instances dirigeantes à l’instar de Mme Okonjo-Iweala, le Sud-Africain Leonard McCarthy, vice-président du service de la Banque mondiale chargé des enquêtes anti-corruption, ou encore Obiageli Ezekwesili, ancienne ministre de l’Éducation du Nigeria et, aujourd’hui, vice-présidente pour la Région Afrique, ont été tous d’éminents réformateurs dans leur pays. Leur expertise, reconnue dans le monde entier, bénéficie désormais à la communauté internationale.
Ferhat Y.