Le Corbusier et le M’Zab, une histoire d’amour et d’architecture

Le Corbusier et le M’Zab, une histoire d’amour et d’architecture

On doit l’univers architectural de la cité du M’Zab aux Ibadites, qui l’ont bâti aux 10ᵉ siècle. Ce bijou d’urbanisme et de communion avec la nature, a suscité la fascination de plusieurs célèbres architectes, et parmi eux, Le Corbusier, qui a découvert la vallée en 1931, lors d’un voyage en Algérie.

Malgré que le célèbre architecte n’avait pas pu visiter l’intérieur des maisons qui constituaient la vallée des M’zab, vu que ces dernières étaient fermées aux étrangers, le Corbusier a quand même éprouvé une grande fascination face à ce bijou architectural, dont le centre était selon lui « l’homme nu, l’homme instinctif, individuel, collectif et cosmique ».

Incroyablement influencé par l’architecture et le paysage de la vallée du M’Zab, par les cinq villages fortifiés, ou K’Sours, qui se dressent depuis des siècles sans prendre une ride, le Corbusier revient en Algérie en 1933, deux ans seulement après sa première visite.

Pour passer outre sa frustration, de ne pas avoir pu visiter les maisons de la cité, fermées aux étrangers, le Corbusier avait survolé les cités du M’Zab, et là il tombe encore plus sous le charme. Alors qu’il était convaincu que la ville était « une croute sèche de terre battue brulée par le soleil », il découvre du hublot de son avion « un miracle de sagacité, d’ordonnance savante et bienfaisante, une anatomie brillante ».

Le célèbre architecte ajoute, en décrivant passionnément la cité Ibadite,   « qu’au dedans s’ouvrent comme des coquillages vivants, les savoureuses verdures des jardins ». Sans aucun doute, le Corbusier a été marqué pour la vie. On retrouve l’influence du M’Zab dans son œuvre la chapelle de Ronchamp, construite en 1955. Une bâtisse que lui avait inspiré la mosquée de Sidi Brahem.

Le M’Zab, une oasis d’inspiration pour l’architecture universelle

Outre le Corbusier, plusieurs célèbres architectes sont tombés sous le charme de la cité Ibadite. André Ravéreau, par exemple, qui a fait la connaissance des K’Sours du M’Zab en 1949, alors qu’il était encore un étudiant, n’a pu que revenir, comme le Corbusier, en Algérie, là où il va fonder son « Atelier du Désert ».

Ce qui a le plus marqué André Ravéreau, c’est « l’unité générale du caractère ». L’architecte déclare sa fascination face à ce qu’il a appelé des « solutions architecturales égalitaires », qui font que toutes les bâtisses, qu’elles soient des maisons, des mosquées, des barrages, répondent toutes à un seul geste, à une seule influence, comme dans un seul souffle et un unique élan artistique.

Hassan Fathy aussi, le célèbre architecte Égyptien, a été séduit par l’architecture Mozabite. Le récipiendaire du prix Nobel alternatif en 1980, déclare que « chaque ligne de la cité exprime l’être qui l’a faite. Comme un habit à sa taille : dedans il se sent à l’aise, ce n’est ni trop grand ni trop serré… ».