Cette fois-ci, c’est Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement, qui est monté au créneau pour dénoncer “le danger Benghabrit”, appelant d’illustres inconnus conviés à un “forum” organisé, hier, au siège de son parti à Alger, à apporter la contradiction à la ministre.
S’opposant à toute réforme et évolution positive de l’école algérienne, les islamistes partent en guerre contre la 2e génération de réformes de l’école. Leur cible : la première responsable du département de l’Éducation nationale, Mme Nouria Benghabrit, qu’ils accusent de tous les maux. Francisation de l’école, atteinte aux fondements de l’identité algérienne, danger pour l’unité nationale…, tels sont, grosso modo, les arguments avancés par les animateurs de cette croisade lancée contre la ministre de l’Éducation.
Le MSP, El-Islah, Ennahda, le FJD et le MCN ont, depuis la nomination de Benghabrit à la tête du département de l’Éducation, dénoncé ses orientations, allant jusqu’à l’accuser d’être de confession juive. La dernière levée de boucliers a eu lieu, pour rappel, à la suite du complot ourdi lors du dernier examen du baccalauréat lorsqu’une fuite industrielle des sujets a été organisée pour, justement, attenter à la ministre et à la crédibilité de ses réformes. Une conspiration menée, vraisemblablement, grâce à la complicité de cercles bien introduits dans l’Onec, et qui a donné du grain à moudre aux partis et autres associations islamistes pour se mettre en ordre de bataille contre la ministre et exiger son départ. Peine perdue, la ministre a eu droit, contrairement à ce qu’attendent ses détracteurs, au soutien et du gouvernement et de la société civile.
Cette fois-ci, c’est Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement, qui est monté au créneau pour dénoncer “le danger Benghabrit”. Lors d’un “forum” organisé, hier, au siège de son parti à Alger, le chef du FC a convié d’illustres inconnus pour apporter la contradiction à la ministre. Devant une salle clairsemée, les invités de Menasra ont défendu une seule option : le maintien du statu quo dans une école qui a fait ses preuves en matière de régression du niveau des connaissances et de pratiques antipédagogiques, pour ne pas dire plus. Les idéologues choisis par Menasra n’ont pas été à la hauteur de la mission qui leur a été dévolue. À coups d’approximation, les invités du FC, allant jusqu’à brandir un sexisme assumé, ont servi plutôt une approche totalement idéologique en lieu et place d’une approche rationnelle et scientifique que les quelques présents attendaient impatiemment.
“Benghabrit est chargée d’une mission douteuse, dont le but est de porter atteinte à l’identité algérienne”, a déclaré le chef du Front du changement, ajoutant que la ministre veut “supprimer les sciences islamiques de l’école”. C’est amplement suffisant pour Menasra qui se réclame du legs politico-idéologique de cheikh Nahnah pour sortir ses griffes contre la ministre et l’accuser de ne vouloir rien réaliser au-delà de cet objectif qui viserait les sciences islamiques. Il s’en est pris ensuite au gouvernement qui n’a pas, selon lui, rendu le rapport détaillé sur le dernier examen du bac, entaché par une fuite massive de sujets. M. Menasra n’a pas épargné Ahmed Ouyahia, chef du RND et chef de cabinet à la présidence de la République, qui avait accusé, pour rappel, des cercles islamistes d’être derrière le complot du bac. Pour Menasra, “cette accusation est grave”, car “Ouyahia n’a aucune preuve” de ce qu’il a avancé. Aux côtés de Menasra, un ancien conseiller au ministère de l’Éducation a tenté d’expliquer le danger de la réforme de seconde génération et celle de l’examen du bac par la non-consultation “des experts”. Un représentant du Snapest a abondé dans le même sens pour dénoncer l’exclusion des syndicats dans la confection des textes de la réforme. En somme, tous les intervenants se sont adonnés à leur sport favori : l’attaque contre tout ce qui pourrait changer une école tenue en otage depuis des décennies et outrageusement exploitée au bénéfice d’une idéologie rétrograde.