Les partis de l’opposition qui depuis des années se plaignent du DRS et de son utilisation pour verrouiller le champ politique et affaiblir les partis et les organisations de la société civile ont profité ces derniers mois de la sortie de Amar Saadani qui a critiqué le service de renseignement pour remettre au devant de la scène le débat sur la dissolution du DRS et de son éloignement de la vie politique algérienne.
En février dernier, Saïda Ichalamen, qui est membre de l’instance présidentielle du FFS a expliqué que son parti appelait à «un débat apaisé sur la question». Mme Ichalamen a déclaré dans une interview accordée à El Watan : «Pour ce qui est du DRS, il faut noter que ce n’est pas la première fois que ce service subi des restructurations. Reste à évaluer l’impact réel de ces restructurations sur la vie politique dans le pays. Les positions du FFS sur cette question sont connues depuis longtemps : le FFS est pour un débat apaisé sur cette question et pose le problème en termes d’institutions, de pouvoir et de système politique, de transition démocratique pacifique, et non en termes d’enjeu électoral ou de personnes».
De son côté, le RCD estime que «la dissolution du DRS est une condition sine qua non d’un renouveau politique dans le pays». Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a d’ailleurs déclaré en février dernier: «Pour le RCD, c’est tant mieux que le débat public sorte de l’opacité qui l’a caractérisé jusque-là. Cela fait bien longtemps que le RCD s’est prononcé pour la dissolution effective de la police politique et que les services de renseignement algériens se concentrent sur leur mission de contre-espionnage et de lutte contre le crime économique».
Au MSP, on se déclare également en faveur d’une mise hors du champ du politique du DRS. Abderrazak Makri, le président du parti a soutenu : «Au parti, nous appelons depuis des décennies à ce que les différents Services restent éloignés de la politique. C’est une position stable et constante que nous soutenions déjà au temps de la présidence du défunt cheikh Mahfoud Nahnah»,
Enfin, il y a certains politiques qui se méfient de la réouverture de ce débat à ce moment précis. En effet, certains s’interrogent sur le fait que ce soit des proches du président Bouteflika qui remettent maintenant, le sujet au centre des discussions. Soufiane Djilali, le président de Jil Jadid a déclaré : «Il est évident qu’aucun pays au monde ne peut fonctionner sans les services de renseignements. Mais cette question de restructuration est une manipulation de M. Bouteflika pour consolider son pouvoir. Le DRS est devenu un enjeu médiatique qui bénéficie au pouvoir, qui nous parle aujourd’hui d’un Etat civil. Mais le DRS a été au service de qui, ces 15 dernières années ? Certainement pas au service de l’Algérie». Ainsi, selon lui, l’unique salut pour le pays est «la mise en place d’un Etat de droit».