Le dernier avatar du système bouteflikien

Le dernier avatar du système bouteflikien

En guise de changement dans la continuité, le système s’est résolu enfin à faire publier les textes du nouveau projet de révision constitutionnelle dont il n’a cessé d’en parler presque comme une Arlésienne depuis 2011.

Après avoir déclaré publiquement qu’il est fini, (tabjnan-na de Sétif) et reconnu lui-même les échecs de sa politique qu’il traîne malgré tout d’année en année. Pour autant, ces aveux rétifs ne l’ont pas désorienté, ni empêché de tout faire pour rempiler mandat sur mandat balayant tous les écueils qui se dressaient sur sa route.



Par ces temps de marasme économique et d’incertitudes sur l’avenir du pays, le système ressort son projet de révision constitutionnelle pour faire diversion sur les questions les plus urgentes en s’attelant à ce chantier qui lui tient à cœur et qu’il présente comme une issue de sortie à l’impasse politique dans laquelle il nous a mis. « Un ravalement de façade » dirait Ali Benflis qui cache mal la véritable crise dans laquelle le régime s’est empêtré. « Une révision constitutionnelle qu’il tient à instrumentaliser » à une fin qui se veut le dernier testament du patriarche , celui qui a beaucoup d’enseignements à nous transmettre, faisant quelques concessions de taille sur les transgressions de la loi fondamentale où il s’est distingué le plus pour ensuite y greffer de gros amendements, les siens bien sûr qu’il tient à faire passer comme une soudaine révolution de palais.

Une révolution de la 25e heure qui tend sans nous le dire à pallier d’une part, la vacance du pouvoir qui a paralysé le fonctionnement des institutions du pays et d’autre part y apporter quelques chamboulements sur tout ce qu’il n’a pas pu dire ou qu’il n’a pas pu faire pendant son règne pour arracher notre pays à la tentation dictatoriale. Une vacance du pouvoir qui devient de plus en plus insupportable dans un contexte international de déprime pétrolière, d’incertitudes sécuritaires et toutes ses conséquences catastrophiques qui surprennent le pays au dépourvu de ses recettes et de ses capacités.

Le temps des fanfaronnades et du « m’a-tu-vu » semble désormais révolu . « Les prix du baril de pétrole resteront longtemps en baisse », une déclaration de la responsable du FMI qui vient saborder tous les espoirs et les paris de cette dernière manche qu’ils tiennent à mener malgré tout jusqu’à sa fin. En plus de cela, la vacance du pouvoir est un autre facteur qui vient tout gâcher, un constat de carence qui se joue contre lui et auquel le système cherche à trouver la parade au plus pressé. Un glissement constitutionnel vers un régime dynastique ou monarchique était dans l’air il y a quelques années mais la tentation a buté sur beaucoup de résistances de la société civile et le niet catégorique des décideurs de l’époque. Est-ce toujours de saison ? L’aventure n’est pas écartée.

La privatisation de l’Etat n’est pas non plus à exclure tant les magnats des capitaux financiers sont omniprésents dans les rouages du système et influent de tout leur poids sur les décisions politiques. La privatisation de l’Etat semble bien partie dans ce contexte de mondialisation économique néolibérale. Elle a le vent en poupe et la communication acerbe, elle n’attend que le moment propice, celui qui mettra le pays à genoux et son fond de régulation épuisé pour sortir ses griffes.

« La vieillesse est un naufrage », avait confié De Gaulle. Beaucoup de grands de ce monde ne l’ont pas caché, il lui faut d’une manière ou d’une autre se résoudre à passer le témoin si elle ne veut pas se faire prendre de vitesse. Comme dans tout naufrage annoncé (tabjnan-na de Sétif) il faut une opération de sauvetage de la république avant qu’il ne soit trop tard. Le dernier avatar du système pour sauver ce qui peut être sauvé du naufrage est justement la promulgation de cette prochaine révision constitutionnelle que l’on a gardé pour la fin, celle qu’ils voudraient nous voir prendre comme une révolution du régime dans le régim , son dernier baroud d’honneur, une sorte de repentance qui survient dans le tard, sans la gloire et la magnanimité des grands sages de ce monde.

Khelaf Hellal