Décidément, les démêlés d’Ahmed Ouyahia avec la justice pour les différents dossiers de corruption et de malversation ne sont pas prêts de se terminer. Après les affaires Tahkout, GB Pharma et Benamor, l’ex-Premier ministre devra faire désormais face à une nouvelle affaire de corruption. Il s’agit en effet du dossier de « la raffinerie Augusta ».
Selon nos sources, le juge d’instruction de la première chambre du pôle économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a rouvert le dossier du scandale de la raffinerie Augusta. Un affaire impliquant plusieurs anciens hayts responsables de l’Etat dont Ahmed Ouyahia et l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour.
Scandale de la raffinerie Augusta, une facture de plus de 2 milliards de dollars
Dans ce nouveau procès, Ahmed Ouyahia est poursuivi pour avoir émis, en février et en avril 2018, deux avis favorables pour l’acquisition par la Sonatrach de la raffinerie italienne Augusta. Une opération commerciale qui a coûté au Trésor public la somme astronomique de 2,135 milliards de dollars.
À côté de l’ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et l’ancien PDG de la Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, cinq autres accusés comparaîtront devant la justice. Il s’agit de l’ancien vice-PDG de la Sonatrach, Ahmed Mazighi, en sa qualité de président du projet, ainsi que quatre autres cadres du groupe pétrolier chargés du suivi du projet, dont Raïs Ali Abdelhamid et Boumaâout Brahim.
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Les sept accusés sont poursuivis pour divers chefs d’inculpations : conclusion de marché hors du cadre de la loi dans le but d’accorder à autrui d’indus avantages ; dilapidation de l’argent public ; abus de fonction ; trafic d’influence ; conflit d’intérêts. À ceux-ci s’ajoute un nouveau chef d’inculpation contenu dans le code du commerce : non-consultation des partenaires sociaux lors de l’opération d’achat.
Un coût d’acquisition qui a triplé !
L’enquête et l’expertise de l’Inspection générale des finances ont conclu que la Sonatrach a racheté en mai 2018 auprès d’Esso Italiana, filiale italienne de l’américain ExxonMobil, sa raffinerie située à Augusta (en Sicile) pour le prix de 744 millions de dollars. Une somme qui représente le montant de l’offre engageante de la Sonatrach. Cependant, au 31 décembre, la facture atteint 2 134 441 316 USD, soit le triple de la transaction initiale.
Cet écart de plus d’un milliard de dollars se répartit entre les frais d’entretiens et de modernisation des équipements de la raffinerie et le coût de financement de la poursuite de l’exploitation de cette dernière par l’entreprise Sonatrach Raffineria Italiana (SRI). Le montant exact de ces différentes opérations s’élève à 1 215 000 000 USD, dont 681 millions de dollars représentent le prix du rachat du pétrole brut, des pièces de rechange et des produits en stock dans les terminaux de la raffinerie.
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Le rapport de l’Inspection générale des finances dénote également que parmi les violations commises par les dirigeants de la Sonatrach mis en accusation figure le fait qu’il n’existe aucun document prouvant que ces derniers aient procédé à un quelconque inventaire de ces stocks de pétrole brut et de pièces de rechange depuis le transfert de propriété de la raffinerie d’Augusta ExxonMobil vers la Sonatrach.
Une raffinerie âgée de plus d’un demi-siècle
Un autre fait troublant s’ajoute à la liste des anomalies qui entourent cette transaction. En effet, suite à l’examen minutieux des documents de la raffinerie d’Augusta, les investigations de l’Inspection générale des finances ont révélé que celle-ci est entrée en exploitation en… 1953, soit depuis plus de 50 ans ! Cela signifie que les équipements de la raffinerie étaient vétustes au moment de leur acquisition par la Sonatrach.
En outre, la part de pétrole brut algérien exploitée dans la raffinerie, depuis son acquisition jusqu’au 26 avril 2021, ne représente que 15,28 % des quantités totales. La Sonatrach Raffineria Italiana (SRI) a donc acheté la grande majorité de ses stocks (85 %) sur le marché mondial, auprès de fournisseurs étrangers.
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De son côté, l’ancien PDG de la Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, a présenté au juge d’instruction, lors de son audition, tous les documents et les éléments de preuve en sa possession concernant ce dossier.
Ould Kaddour a d’abord affirmé que le coût d’acquisition de la raffinerie d’Augusta fut de 733 millions de dollars. Il a ensuite précisé que les 1 330 000 000 restants constituent les frais d’exploitation des produits en stock dans les terminaux de la raffinerie, le prix d’achat des pièces de rechange, le coût des certificats de conformité aux normes environnementales et des garanties douanières. Ce qui explique pourquoi la facture totale a dépassé la rondelette somme de 2 milliards de dollars.