Qu’a négocié Aït Ahmed ?
De quelles mesures parle le parti de Hocine Aït Ahmed ? A-t-il eu des promesses sur des questions précises qu’il revendique ? Et avec 27 sièges à l’Assemblée populaire nationale contre une majorité du FLN soutenue par le RND, quelle efficacité pour le FFS au sein de cette institution ?
Le Front des forces socialistes (FFS), qui a justifié sa participation aux dernières législatives par «un choix tactique», relève que des «décisions et des mesures politiques attendues depuis la proclamation des résultats de scrutin de 10 mai tardent à voir le jour». Mais de quelles mesures parle le parti de Hocine Aït Ahmed ?
A-t-il eu des promesses sur des questions précises qu’il revendique ? Et avec 27 sièges à l’Assemblée populaire nationale contre une majorité du FLN soutenue par le RND, quelle efficacité pour le FFS au sein de cette institution ? Toutes ces questions restent sans réponse claire pour un parti qui fait face à une crise interne au lendemain de sa participation aux élections législatives. Ainsi, la stratégie du premier parti de l’opposition adaptée à la veille des législatives reste une vraie énigme.
Un parti qui a choisi de boycotter pendant dix ans les rendez-vous des élections législatives puis soudainement, il se dit croire à un changement par la voie des urnes, a sûrement des raisons et pas n’importe lesquelles.
Dans une déclaration de son secrétariat national rendue publique mardi dernier, le FFS estime que la situation politique née au lendemain des élections législatives est «inédite et complexe. C’est le temps des incertitudes» et il s’interroge toujours «si la recomposition politique en cours est de nature à permettre un jeu politique plus ouvert ou, au contraire, à renforcer le statu quo».
Mais de quelle ouverture parle le parti alors qu’au niveau de la «nouvelle» chambre basse du Parlement, rien n’a changé dans ses équilibres, puisque la majorité est entre les mains du Front de libération nationale avec 208 sièges, suivi de son allié, le RND.
Et cette Assemblée a comme première mission de faire passer l’amendement de la Constitution promis par le Président Bouteflika, le 15 avril 2011 dans son discours adressé à la nation. Sur ce point, le FFS maintient sa position, dans laquelle il affirme que la révision du texte fondamental de la République ne peut être soumis à l’APN mais doit passer par une Assemblée constituante ?
Donc, si le chef de l’Etat maintient son choix de faire valider ce texte par les députés avant de le soumet-tre à un référendum, quel rôle pour le FFS dans ce cadre ? Et avec un FFS qui a décidé de ne pas participer aux postes de responsabilité au sein de l’APN, comment va-t-il défendre ses visions ?
Sachant qu’il reste minoritaire comme groupe parlementaire. Probablement, le parti n’a pas pour objectif l’APN et pense aux enjeux de l’après- 2014 mais avec quelles garanties? Hormis la présidentielle de 2014 et les enjeux de la révision de la Constitution, le FFS semble bien décidé à ne pas participer aussi au prochain gouvernement sauf changement de tactique.
Un gouvernement qui tarde à être nommé sachant qu’avec le système actuel défini par certains comme «système semi-présidentiel», le Premier ministre et ses ministres ne sont que des exécuteurs du programme du président de la République, donc, participer veut dire s’aligner. Par ailleurs, le feuilleton concernant la crise interne qui secoue le parti de Hocine Aït Ahmed continue.
Dans ce cadre, la direction du parti essaye de la limiter à travers notamment les sanctions et la sensibilisation. A ce propos, la fédération du Front des forces socialistes (FFS) de Tizi Ouzou va organiser une série d’assemblées générales qui seront organisées dans les prochains jours pour «l’évaluation globale du déroulement de la campagne électorale et des élections législatives du 10 mai 2012», selon un communiqué rendu public, mardi 5 juin.
Ces rencontres sont programmées du 8 au 12 juin. Elle seront animées par les députés et cadres du parti pour «dresser une évaluation globale dans chaque commune, et par là même, faire un bilan exhaustif de notre participation aux élections». Pour rappel, les frondeurs du parti se sont réunis le week-end dernier à Bouzeguène pour contester l’action de l’actuelle direction du FFS.
Nacera Chenafi