Une controverse entoure la diffusion du film de Jean-Claude Barny, sur Frantz Fanon, figure de l’anticolonialisme. Alors que peu de cinéma l’ont projeté depuis sa sortie début avril 2025, certains y voient un boycott, tandis que d’autres parlent de choix commerciaux.
Le documentaire revient sur les années algériennes de ce psychiatre. Nommé médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida en 1953, Frantz Fanon y découvre les méthodes brutales qui y sont pratiquées et les conditions pitoyables d’internement des patients algériens.
À LIRE AUSSI : Festival Vues d’Afrique 2025 : le film algérien « Tayara Safra » sacré à Montréal
Le film Frantz Fanon dérange en France
Peu après sa sortie en France, le film de Jean-Claude Barny a du mal à être programmé dans les cinémas d’art et d’essai parisiens, illustrant les lacunes de la distribution en France. Ce biopic audacieux dédié à une figure emblématique de l’anticolonialisme n’est pourtant que l’ombre de lui-même dans les salles de cinéma.
Par exemple à Paris, qui se veut la capitale de la culture, très peu de salles ont accepté de le diffuser. Sa distributrice, Amel Lacombe, a précédemment dénoncé une situation qui témoigne d’un « racisme bien ancré« : « Personne ne va dire : ‘Je ne prends pas le film parce que je n’aime pas les Algériens, les Noirs, les Arabes.’ Non, ils vont dire : ‘Le film n’est pas assez art et essai, il est trop commercial, trop de musique, les acteurs jouent comme ci, c’est un biopic trop classique« , a-t-elle déclaré.
Alors que des membres de l’équipe de ce film ont exprimé leur frustration, certains commentateurs ont pointé du doigt l’invisibilisation des récits anticoloniaux et afrodescendants dans le cinéma français.
Pourquoi est-il difficile de parler encore de Fanon en France ?
L’année 2025 marque le centième anniversaire de Frantz Fanon, psychiatre brillant, figure emblématique de la décolonisation et acteur engagé de la guerre de libération algérienne. Paradoxalement, et au contraire de l’Algérie, sa présence dans les programmes scolaires et espaces publics demeure limitée.
Les sorties récentes des films « Frantz Fanon » du réalisateur algérien Abdenour Zahzah en 2024, et de « Fanon » de Jean-Claude Barny le 2 avril dernier, revivent sa mémoire et mettent en lumière ses pensées sur la décolonisation. En effet, le film de Barny retrace le destin algérien de ce psychiatre. Un film bouleversant sur la carrière de ce philosophe, mais aussi sur la mémoire d’un pays et de son peuple.
Le film Fanon n’est pas diffusé dans toutes les salles du pays.
Pourquoi ?
C’est si dur que ça de regarder en face notre passé colonial ?
Comprendre que la colonisation est une trahison de l’idéal républicain 🇫🇷, c’est pourtant être à la hauteur de cet idéal.#DiffusezFanon pic.twitter.com/2fosxyzVjq
— Antoine Léaument 🇫🇷 (@ALeaument) April 9, 2025
Malgré son succès limité en salle de cinéma, ce biopic fait réagir sur la toile. En effet, de nombreuses voix se sont élevées pour pointer du doigt le cinéma français qui préfère oublier le passé colonial de son pays. À l’exemple, le député de gauche Antoine Léaument, qui s’est demandé : « Est-il vraiment si difficile de faire face à notre passé colonial ?« .
À LIRE AUSSI : « Dr. Frantz Fanon » triomphe en Égypte: Abdenour Zahzah primé au Festival du film africain de Louxor