«Les morts ne meurent pas quand on les enterre, ils meurent quand on les oublie.»
Rouge pourpre! est le titre que portera le film qui sera consacré à la vie du premier martyr executé avec la guillotine coloniale, Ahmed Zabana. Enfin! la prophétie des historiens s’est concrétisée.
Le retour au travail biographique sur la vie des hommes, dans leurs connivences et leur pureté, leurs faiblesses et leur points forts, qui ont marqué l’histoire de la guerre de Libération entame ses premiers virages.
Après le film Benboulaïd, un autre long métrage sur Ahmed Zabana verra le jour incessamment. Le tournage débutera au mois de septembre prochain. Le scénario, dont la production a été confiée à Laith Media, porte la signature de Azzedine Mihoubi tandis que la réalisation est assumée par Saïd Ould Khelifa.
Ce film historique sera cofinancé par les ministères des Moudjahidine, de la Culture et l’Entreprise nationale de la télévision algérienne.
Trois acteurs, dont les noms n’ont pas été divulgués par Saïd Ould Khelifa par mesure d’éthique professionnelle, se disputent le rôle de l’acteur principal tandis que la langue du discours du film est purement locale et dialectale appartenant à la région ouest du pays.
«Nous souhaitons bien que l’acteur principal soit issu de la région ouest» a affirmé Yacine Laloui, le producteur. La diffusion constitue l’un des handicaps majeurs qui continuent à entraver le cinéma algérien.
Le film réalisé par Ahmed Rachedi, sur la vie de Benboulaïd, en est la meilleure preuve en raison, d’une part, de l’indisponibilité des salles de cinéma et l’absence des canaux de diffusion, d’autre part.
Aussi, pour y faire face, le réalisateur et le producteur du film Zabana ont pris leurs devants. D’ailleurs, le réalisateur est plus que décidé à réaliser ce film qui raconte la vie de l’un des symboles de la guerre de Libération nationale.
«L’essentiel est que le film sorte», a-t-il soutenu ajoutant que plusieurs canaux de distribution sont en vue, en l’occurrence la diffusion du produit en DVD dans les écoles avant d’ajouter que «le film sera fort probablement exporté».
Loin du discours creux, le film consacré à la mémoire du chahid Ahmed Zabana se veut être un retour aux sources à travers lesquelles la nouvelle et la future générations s’imprégneront du passé glorieux des hommes qui ont fait ’histoire de l’Algérie.
«Le film est destiné à attirer les jeunes», a annoncé Saïd Ould Khalifa. Il y a de quoi être fier de ce film étant donné que les hommes d’hier ont, grâce à leurs convictions, épousé la cause nationale et libéré la patrie du joug colonial.
En outre, ce film, au-delà de la vie de Ahmed Zabana, se veut également l’histoire de tous les personnages historiques qui activaient à Oran à la veille de la Révolution du 1er Novembre 1954.
Ahmed Zabana, âgé de 30 ans, avait été exécuté par les autorités coloniales avec la guillotine à l’aube du 19 juin 1956 dans la prison Barberousse, et sous les youyous des prisonnières et les appels du muezzin à la prière du Fadjr.
Dans une lettre laissée à ses parents, Ahmed Zabana expliquait que son sacrifice n’est qu’un devoir. Ne dit-on pas que «les morts ne meurent pas quand on les enterre, ils meurent quand on les oublie»?
Wahib AÏT OUAKLI