Le FLN, le parti incubateur de présidents de la République

Le FLN, le parti incubateur de présidents de la République

Le FLN est connu pour sa faculté à placer des présidents de la République. Mis à part Boudiaf, bien qu’il fut son créateur, tous les présidents qui se sont succédé à ce poste depuis l’indépendance du pays sont issus de ce parti. Ben Bella, Boumediene, Chadli, Zeroual et aujourd’hui Bouteflika sont tous référencés de ce sigle. Est-ce par traditionalisme ou révolution que ces personnes ont été désignées à la tête de l’Etat algérien ?

L’hégémonie du FLN s’explique en grande partie par le fait qu’il soit resté le parti majoritaire même s’il fut à un certain moment bousculé par l’ex-FIS au début des années 1990. Sans surprise, le 10e congrès du FLN a vu la confirmation de l’élection au poste de SG d’Amar Saâdani, un des fervents et le plus actif supporter du président Bouteflika. Ce congrès a répété à l’envi son discours inimitable, fait de triomphalisme et d’autosatisfaction. Ce fut sommes-nous tentés de dire, un congrès pour rien.

Ou juste un rendez-vous pour l’intronisation de Saâdani et l’élimination de tous les trouble-fêtes du parti. Pas de scoop, donc. Et pas, non plus, de nouveauté dans l’approche et la tonalité, pour un parti qui se présentait comme le parti du « changement et du rajeunissement » !

Certes, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un parti du gouvernement qui se met en ordre de bataille pour consolider son pouvoir à l’occasion des prochaines élections (présidentielle et législatives) le fasse dans l’enthousiasme, en soulignant les points positifs du bilan présidentiel.

C’est parce que ce parti s’est tellement persuadé pendant des décennies qu’il était et serait éternellement, non seulement le parti-Etat mais aussi le parti-Nation, qu’il en est venu à s’enfermer dans une logique confortable en apparence, mais tout à fait contre-productive, et pour son propre avenir, et pour celui du pays.

Et le voilà aujourd’hui propulsé au rang de parti majoritaire au gouvernement avec plus de 14 portefeuilles ministériels avec une simple adhésion à ce parti et une ambition trop forte de peser encore sur la prochaine présidentielle. Or, c’est cette dernière échéance qui commence à faire bouger les lignes.

Le FLN vient de recevoir, à travers la lettre adressée par le chef d’état-major de l’Armée et vice-ministre de la Défense, le général-major Ahmed Gaïd Salah, un renfort de choix pour les prochaines batailles électorales. Au-delà du fait que cette missive- fortement dénoncée par l’opposition politique- est de type protocolaire, elle annonce les grandes manœuvres prochaines de l’été, qui ne manqueront pas de donner encore plus de piquant et de mordant à une opposition qui a compris, depuis bien longtemps, le marché de dupes qui se dessine. Déjà on suppute un arrangement entre différents clans pour désigner un successeur à Bouteflika.

D’autres avancent un deal concocté avec des puissances étrangères pour maintenir et perpétuer un clan au pouvoir en désignant d’ores et déjà le futur locataire du palais d’El Mouradia. Si le pouvoir et le FLN sont en dehors d’un schéma classique d’influence française, la visite-surprise de quelques heures de François Hollande en Algérie, le 15 juin prochain, intrigue plus d’un observateur. En effet, la situation reste plus complexe, instable en raison d’une crise ou d’une transition démocratique non achevée.