«Le foot doit changer !»

«Le foot doit changer !»

Ce samedi matin, au petit déjeuner, je discutais avec le propriétaire dema Guest House. Il ne comprenait pas pourquoi la vidéo n’était pas un recours en football, sport qu’il découvre.

Lui, c’est le rugby et même les grandes compétitions d’écoles secondaires, me disait-il, l’utilisent. Le bon sens est parfois utile quand les élites des instances dirigeantes, si réactionnaires, s’enferment dans leur tour d’Ivoire, se terrent dans leur certitude de fin de siècle. Fini. Arrêtons le massacre. Cette Coupe du monde doit marquer la fin de l’aveuglement.

On pourrait citer tant de témoins à charge ici, parler de la Côte d’Ivoire (main de Luis Fabiano), du Mexique (hors jeu de Tevez), de l’Angleterre (but refusé à Lampard) ou du Brésil (penalty non sifflé sur Kaka contre les Pays-Bas), évoquer tant de larmes coulées sur l’autel des décisions erronées ou, plus graves, suspectes.

Jean-Marc Guillou me disait récemment son incompréhension et ajoutait un argument révolutionnaire : la vidéo diminuerait in fine la corruption. «On doit nommer les arbitres vidéo cinq minutes avant le match.

C’est le seul moyen d’enrayer la tricherie, explique-t-il. Car comment savoir si un arbitre s’est trompé sciemment ou non ?»

Les idées souvent novatrices de Guillou méritent une attention particulière. Au temps d’Internet, des images passées et repassées à foison, l’arbitre est aujourd’hui abandonné dans la fosse aux lions. On n’est pas loin d’un cas de non assistance à personne en danger. Imaginez une erreur gravissime lors du barrage Egypte-Algérie de novembre dernier, dans cette ambiance surchauffée, électrique, propice à tous les débordements…

Une autre règle vient de péter au yeux des édiles du ballon. La main sur la ligne de but. Suarez est aujourd’hui un héros et personne en Uruguay ne discute, comme pour Thierry Henry, du bien-fondé de son geste. Le tricheur a gagné, il aurait pu être ghanéen ou français, cela n’aurait rien changé au fond du raisonnement.

Le réflexe est humain, le règlement est totalement dépassé, inique. Pourquoi ne pas sanctionner d’une expulsion et d’un but ce type de situation ? En une fois, le cas serait réglé. Suarez expulsé et le Ghana vainqueur ? On en aurait terminé avec un geste qui dénature ce sport. La dramaturgie, l’émotion poussée à l’extrême ne doivent pas être les seuls vecteurs d’analyse d’une soirée de football.

L’Afrique du Sud, espéronsle, servira de point de départ à un véritable séisme.D’accord, ce n’est pas gagné. Mais Blatter, après avoir tant fustigé la vidéo le lundi, s’est dit prêt à y recourir dans des cas particuliers, le mardi… C’était évidemment après l’échec de l’Angleterre, pas après la faute de main de Luis Fabiano contre les Eléphants.

Le président de la FIFA a d’ailleurs présenté ses excuses au Mexique et à l’Angleterre, grand pourvoyeur de droits télé. Pas à la Côte d’Ivoire. Tiens, l’ami de l’Afrique a-t-il perdu la mémoire ?