Le gouvernement se passera-t-il de la planche à billets en 2019? les recettes pétrolières comme baromètre

Le gouvernement se passera-t-il de la planche à billets en 2019? les recettes pétrolières comme baromètre

Face à un prix du baril de pétrole, plus ou moins stable, à l’origine de la hausse des recettes fiscales pétrolières ainsi que la bonne tendance prise par les recettes ordinaires, le gouvernement n’a pas jugé utile d’aller encore une fois vers la planche à billets. Toutefois, la décision d’émission, à partir de janvier 2019, de nouveaux montants bancaires n’est pas exclue, pour peu que les indicateurs économiques à relever pour les deux prochains mois affichent de bonnes notes.

Sur orientation du président Bouteflika, dont la politique tranche avec tout recours à l’endettement extérieur auprès du FMI pour lui préférer le financement à l’interne, le gouvernement a décidé, fin 2017, d’actionner la planche à billets. En proie à une crise financière aigüe, l’Algérie devait couvrir les dettes publiques et renflouer les caisses du Trésor dont les besoins exprimés, fin septembre dernier, étaient de 570 milliards de dinars.

Cette option financière d’exception a pris effet au lendemain de l’entrée en vigueur de la loi sur la monnaie et le crédit telle que révisée. Cette mesure a été fixée pour une période de 5 ans, soit rendue possible jusqu’à fin 2021. Depuis lors, et jusqu’à fin mai 2018, un montant de 3 585 milliards de dinars a été émis par la Banque d’Algérie.

Aujourd’hui, et à la lumière des nouvelles donnes financières, rien n’obligerait les autorités à faire appel à l’émission de nouveaux billets à partir de janvier 2019, croit savoir le Directeur général du Trésor, Fayçal Tadinit. Toutefois, annonce le même responsable, il serait possible d’aller à nouveau vers la planche à billets si besoin est. C’est-à-dire dans le cas où les indicateurs économiques, qu’il conviendrait à relever pour les mois de novembre et décembre prochains soient de bonne augure.

Si maintenant l’option au financement non conventionnel serait à même de rétablir l’équilibre budgétaire, il se présente comme une solution à double tranchant. En d’autres termes, le recours à la planche à billets ne devra pas être systématique au risque de subir le contrepoids de l’inflation avec tout l’impact qu’on lui connaisse sur le pouvoir d’achat du citoyen. Au plan réglementaire, le texte de loi amendé au Parlement en octobre 2017 est clair : L’émission de titres par la Banque d’Algérie qui vise à participer à la couverture du déficit du Trésor et du Fonds national d’investissement (FNI) devra être une «procédure d’exception» et valable pendant cinq ans. Les montants tirés sont destinés au financement de la dette publique interne et au rachat du dû des entreprises Sonatrach et Sonelgaz contractés auprès des banques.

Le DG du Trésor, qui s’est exprimé sur la question lors de son entretien de lundi avec les membres de la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale, le sait et est conscient des conséquences d’un recours excessif à la planche à billets sur les plans économique et social. C’est sur quoi il a été interpellé par les membres siégeant au sein de la Commission de l’APN.

Farid Guellil