Le Global Forum sur le tabac et la nicotine (GTNF) a organisé, le 27 avril dernier, une conférence internationale virtuelle intitulée «In Focus: Tobacco Harm Reduction» durant laquelle plusieurs experts de la santé publique et professionnels de l’industrie du tabac ont pu passer en revue différentes conclusions et recherches scientifiques relatives aux méfaits des cigarettes et à l’addiction tabagique. «De telles études scientifiques permettent d’apporter des données neutres et vérifiables à même d’inciter l’industrie du tabac à se tourner vers des solutions innovantes qui permettent de lutter encore plus efficacement contre la dépendance aux cigarettes», a commenté Patricia Kovacevic, juriste internationale et directrice du site web RegulationStrategy.com.
Les participants à cette conférence ont été unanimes pour souligner l’importance pour les centres de toxicologie de se pencher davantage sur l’élaboration d’études scientifiques qui seraient plus globales, plus fiables, plus multidisciplinaires et plus précises, mais aussi de commencer à réfléchir à l’instauration d’un cadre réglementaire qui émanerait de preuves scientifiques et qui ne serait pas basé sur des spéculations fausses et hasardeuses.
La conférence a également été l’occasion pour les différents intervenants de revenir sur les alternatives proposées par les industriels et qui permettraient de substituer les cigarettes par des produits alternatifs moins nocifs (à l’instar des produits de tabac chauffé sans combustion, des produits de vapotage, des produits sans fumée, ou encore des MOP,…).
A ce titre, M. David Abrams, Professeur au Département des sciences sociales et comportementales de l’Université de New York, a rappelé l’importance d’une étude qui avait été organisée entre 2011 et 2019 auprès de 1.297.362 adolescents américains, et qui avait permis de démontrer qu’une large frange de cette population avait commencé à abandonner la cigarette classique au profit de la cigarette électronique. Selon M. Abrams, une telle étude «apporte la preuve tangible que la « e-cigarette » est capable de représenter une alternative fiable face à la dépendance tabagique».
Dans le même sillage, Mme Maria Gogova, vice-présidente de l’Altria Client Services, n’a pas manqué d’avancer plusieurs arguments qui corroborent cette vision, déclarant ainsi que «la généralisation et la disponibilité de produits sans combustion pouvant remplacer la cigarette devrait s’accentuer davantage».
De son côté, M. Riccardo Polosa, Professeur de médecine interne à l’Université de Catane en Italie et fondateur du Centre d’excellence pour l’accélération de la réduction des risques (COEHAR), a souligné qu’il ne pouvait y avoir de lien direct entre l’utilisation des produits alternatifs sans combustion et certaines maladies pulmonaires obstructives chroniques telles que l’asthme. «Les études réalisées dans ce sens se basent sur une utilisation intermittente de la cigarette électronique, ce qui n’est guère suffisant pour pouvoir déterminer, de manière fiable, s’il existe réellement un effet soi-disant nuisible de la cigarette électronique, d’autant plus que de telles études ne mentionnent, à aucun moment, les antécédents tabagiques des personnes interrogées», rappelle Polosa. Et d’ajouter que, «de telles études, dont la démarche scientifique demeure malheureusement foncièrement douteuse, ne font que créer de la confusion dans l’esprit des consommateurs qui ne savent plus s’ils doivent adopter ou abandonner ces solutions alternatives qui pourraient pourtant les aider à mettre fin à leur dépendance au tabagisme».
Dans ce sillage, des études «plus sérieuses» viennent tout récemment encore d’être lancées, à l’instar de celle menée par M. Neil Mckeganey, directeur du « Centre for Substance Use Research » de l’université de Glasgow, et qui s’intitule « The Big Vape Survey ». «Les résultats de cette étude seront communiqués aux consommateurs, mais aussi aux fabricants et aux différents organismes de réglementation: ils contribueront à mieux comprendre l’impact de la cigarette électronique sur la santé publique», a déclaré Mckeganey. A noter que cette étude sera réalisée auprès d’un échantillon de 30.000 fumeurs âgés de 18 ans et tous basés au Royaume-Uni. Elle permettra de mieux comprendre l’efficacité des « systèmes électroniques de distribution de nicotine » (ENDS) et le rôle que ces derniers jouent en matière de sevrage tabagique et de lutte contre l’addiction aux cigarettes.