Le guépard sahélo-saharien en « réfugié » dans les massifs du Tassili N’Ajjer et du Hoggar en Algérie

Le guépard sahélo-saharien en « réfugié » dans les massifs du Tassili N’Ajjer et du Hoggar en Algérie

o-GUPARD-ACINONYX-JUBATUS-570.jpg?7La région du Sahel pour des raisons climatiques et sécuritaires connait des déplacements de populations. C’est le cas aussi de la population du guépard sahélo-saharien dont une bonne partie a pris la direction des massifs du Tassili N’Ajjer et du Hoggar en Algérie. Un « réfugié politique et climatique » secret bien accueilli…

Les effectifs de la population des guépards sahélo-sahariens (Acinonyx jubatus Schreber) déclinent dans son aire globale (bande sahélo-soudano-saharienne), ils sont par contre en augmentation en Algérie.

« Des inventaires d’organismes nationaux et internationaux montrent que la plus forte concentration de la population du guépard sahélo-saharien se trouve en Algérie », affirme M. Abdelkader Benkheira, directeur de la protection de la faune et la Flore, à la Direction Nationale des Forets.

Aucun chiffre n’est pourtant disponible pour comptabiliser leurs effectifs. « Nous ne pouvons pas donner leur nombre exact maintenant. Nous sommes au niveau de l’inventaire pour le définir », indique-t-il.

Les populations du guépard sahélo-saharien migrent de plus en plus vers l’Algérie qui est devenue une zone de refuge. Les bouleversements dans la région du Sahel du fait du réchauffement climatique ou pour des raisons sécuritaires expliquent la migration de ce félidé vers l’Algérie.

« Le guépard est une espèce furtive et effarouchée. Il se retranche dans les contrées où il trouve de la quiétude » souligne M.Benkheira. Or, relève-t-il, les zones traditionnelles où vivent ces guépards connaissent une pression anthropique, une transformation des espaces sous l’effet des actions de l’homme (démographie, activité agricole et surtout l’élevage).

« Des populations entières se sont déplacées fuyant l’insécurité ou le changement de leurs écosystèmes vers les régions où il y’a de l’eau pour leurs plantations et leurs élevages. Ces phénomènes ont poussé des effectifs du guépard à remonter de ces zones d’insécurité voisines, vers les massifs du Sahara algérien », explique M. Benkheira.

Les conditions optimales du Sahara Algérien.

Ce félidé de la catégorie de la sous-espèce jubatus venaticus, a trouvé refuge dans les massifs centro-sahariens du Tassili N’Ajjer et de l’Ahaggar.

« Le désert de Tanazrouft et le Tassili N’Ajjer offrent les conditions optimales pour la vie et la reproduction des guépards. Ces espèces y trouvent de l’eau, du gibier et de la quiétude. Soit, les conditions recherchées pour leur vie », indique M. Benkheria »

Ce responsable nous a révélé également que ce félin est présent dans d’autres régions qu’il s’abstient de nommer pour des raisons «déontologiques».

tassili najjer

Le Tassili N’ajjer, le refuge du félin
« Le guépard s’est également établi dans d’autres régions du Sahara du pays » mais ajoute-t-il, il n’est pas question de les citer pour « éviter la chasse massive et le braconnage de cette espèce menacée », dit M. Benkheira.

Un plan national pour le guépard

Après avoir été intégré dans la liste rouge des espèces en danger d’extinction par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en 2001, la population du guépard augmente. L’Etat algérien se mobilise pour sa protection et sa réhabilitation.

« L’Algérie est en train de valider un plan national pour la réhabilitation du guépard. Ce programme sera réalisé par l’Agence Nationale pour la Conservation de la Nature (ANA), en partenariat avec (UICN) » a indiqué Benkheira.

Ce félidé peuplait tout le Sahara au 19ème siècle. Des études scientifiques de l’époque faisaient état de sa présence dans les régions de Sebdou, Biskra, Ghardaïa, El Goléa, Adrar Ahnet et autres. Au cours de la première moitié du vingtième siècle, des études signalaient sa présence à Ain Sefra, Beni Ounif , Béni-Abbès, Boussaada, le Hoggar, en plus des parcs nationaux de Tassili N’Ajjer et de l’Ahaggar.

L’espèce a disparu dans plusieurs régions durant la deuxième moitié du siècle dernier. Une présence sporadique a été confirmée à Tindouf et dans les deux parcs nationaux. Au début des années 2000, l’espèce s’est raréfiée. Elle a été classée comme en danger de disparition, selon un document du ministère de l’agriculture

D’autres espèces réapparaissent

Ce retour du guépard est, donc, une bonne nouvelle. Elle n’est pas la seule. Les inventaires des peuplements mammaliens des milieux désertiques en Algérie montrent un accroissement de la présence d’autres espèces.

lycaon cynhyène

Le lycaon
 

M.Benkheira fait ainsi état d’une remontée du lycaon soudano-saharien vers le massif de l’Ahaggar. Pas de chiffres mais la population de l’hyène rayée se renforce également au même titre que le renard. La panthère nord-africaine, (léopard de Barbarie ou encore Léopard de l’Atlas) que l’on croyait totalement disparue au milieu des années 90 serait également de retour dans le désert algérien.

« Des scientifiques soupçonnent l’existence de la panthère nord-africaine de son nom scientifique Panthera pardus panthera, dans le désert. Des traces de cette espèce ont été trouvées par endroit et des études sont en cours pour confirmer cette hypothèse » indique M. Benkheira.

La population du cerf de barbarie, de son nom scientifique Cervus elaphus barbarus, a été réintroduite en Algérie en 2013. La population qui comptait 24 individus a l’époque serait également en augmentation.

Encore moins commun en Afrique du Nord, un Ours de l’Atlas, appelé également l’Ours de Barbarie, disparu vers la fin du 19eme siècle aurait été vu et filmé il y a quelques semaine dans le parc national de Thniet el Hed dans la wilaya de Tissemssilt.

De couleur brune, cet ours observé correspond aux descriptions scientifiques de l’espèce qu’on croyait disparue. Est-ce une introduction frauduleuse ou un resurgissement de l’espèce, les questions sont sans réponse. Mais une chose est sûre, l’Algérie offre des conditions de repeuplement pour ces espèces…. Il va falloir apprendre à cohabiter…