La presse marocaine a fait de cette surprenante initiative un fait majeur. En fait, la motion a été superbement ignorée par le président en exercice du sommet de l’UA, le Tchadien Idris Déby, qui s’est refusé à la lire en séance plénière comme le souhaitaient certains chefs d’Etat africains à la solde du Palais royal.
Le président gabonais Ali Bongo, en proie à des problèmes internes dans son pays, a pris une initiative dangereuse pouvant mettre en péril l’avenir de l’UA, en signant une motion au nom de 28 chefs d’Etat africains sur les 54 membres et adressée à Driss Déby, président de la République du Tchad et président en exercice de l’Union africaine (UA), en vue de la suspension, prochaine, de la fantomatique République arabe sahraouie démocratique » des activités de l’UA, et de tous ses organes, « afin de permettre à l’organisation panafricaine de jouer un rôle constructif et de contribuer positivement aux efforts de l’ONU pour un dénouement définitif du différend régional sur le Sahara ».
Le roi du Maroc, qui entretient d’excellents rapports avec le Président gabonais du fait qu’il a passé sa jeunesse au Gabon, a ouvert dans ce pays de multiples marchés.
Il a aidé à l’implantation de banques, de services d’assurances, d’entreprises de BTP, d’opérateurs téléphoniques, et même de médias ou de la compagnie aérienne Royal Air Maroc. Aussi, rien d’étonnant à ce que le Président du Gabon, qui fait face à une protesta de la société civile qui dénonce la détérioration du climat général à quelques semaines de la présidentielle du 27 août, « ait été » recruté, pour jouer le rôle d’entremetteur et relayer le message du roi du Maroc.
Cette motion adressée par Ali Bongo Ondimba, président du Gabon, au nom du Benin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cap Vert, des Comores, du Congo, de la Côte d’Ivoire, de Djibouti, de l’Erythrée, du Gabon, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, de la Guinée-Equatoriale, du Libéria, de la Libye, de la République Centrafricaine, de la République Démocratique du Congo, de Sao Tomé, du Sénégal, des Seychelles, de la Sierra Leone, de la Somalie, du Soudan, du Swaziland, du Togo de la Zambie n’a pas été lue en plénière comme l’ont exigé certains chefs d’État, à l’instar du président sénégalais Macky Sall, qui s’est montré très déçu, notamment sur l’ordre du jour, au sommet de l’Union africaine : « Mais je suis très déçu que cette lettre, adressée au président de l’UA en exercice (Idris Déby NDLR), n’ait pas été lue devant l’assemblée. Cette lettre était adressée à tous les pays membres ! » dit-il. De même, il demande que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) « soit suspendue de l’UA.
Et ce, jusqu’à un référendum d’autodétermination et une résolution du Conseil de sécurité » dit-il. Pour le moment on ne sait pas si réellement ces 38 pays ont donné quitus au Président gabonais pour parler en leur nom.
Le prochain sommet devrait se tenir en janvier 2017 à Addis-Abeba en Ethiopie. Ainsi l’élection du nouveau président de la commission de l’UA, en remplacement de Mme Nkosazana Dlamini- Zuma a été reportée à janvier 2017, faute de candidats sérieux et crédibles.
Le sommet des 17 et 18 juillet s’est avéré historique pour le continent avec la présentation des premiers passeports africains et le débat autour d’un fort désir de retrait des pays africains de la Cour pénale internationale (CPI). Trente-quatre (34) pays sur cinquante-quatre (54) ont ratifié la convention.
Avant le prochain sommet de l’UA prévu en janvier, l’Algérie accueillera le premier sommet africain dédié au commerce en décembre. La diplomatie algérienne aura alors fort à faire pour dissuader certains pays africains favorables à l’exclusion de la RASD de l’UA à revenir sur leur décision…