Diplomate rompu à l’art de n’en dire que juste ce qu’il faut, ni très peu, ni beaucoup trop, avec les termes qu’il faut, très pondéré, mais sans langue de bois. Voilà, en grosses lignes, le profil langagier de Mehmet Poroy, ambassadeur de Turquie à Alger.
Après avoir évoqué les relations bilatérales, il était de bon ton, actualité oblige de faire le détour «Jamel Khashoggi». La question posée était aussi simple que complexe: Jamel Khashoggi était, comme le suffixe de son nom l’indique, d’origine turque; de ce fait, sa proximité avec Ankara ne faisait plus de doute, d’autant que ses photos avec Erdogan étaient connues de tous. Aussi, certains médias saoudiens se sont-ils donnés le mot pour dénoncer sa proximité avec le régime Erdogan, puis de là, à l’accuser ouvertement d’être un espion à la solde de la Turquie.
Son Excellence, Mehmet Poroy répond par ce raccourci, qui veut en dire long sur ce qu’il a omis de dire : « Premièrement, Khashoggi était un journaliste; et en tant que tel, il était dans son droit de dire, de s’exprimer et d’écrire. Ce qui n’est pas dans le droit, c’est de tuer un journaliste dans une ambassade. Même si cet homme était accusé d’être un espion, cela ne donnait toujours pas la justification de s’en prendre à lui physiquement, encore moins de le tuer, dans une ambassade de surcroît. » Pour ce qui est des accusations de la presse saoudienne, ce diplomate a indiqué qu’il n’a pas entendu les déclarations officielles de la part de l’Arabie saoudite ; « Peut-être, ces accusations ont été portées par des blogueurs sur le net. En plus, s’il est proche du Président ou non je ne le sais pas. Jamel Khashoggi était d’origine turque, mais ressortissant de l’Arabie saoudite, il était aussi un opposant au régime saoudien et qui écrivait des articles au journal américain Washington Post.»
Med Wali/ O. F.