L’audition de Mohamed Sifaoui devant la commission d’enquête sénatoriale sur le Fonds Marianne a révélé que le journaliste avait bénéficié d’un contrat de consultant avec le Comité Interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR). D’après un article de La Lettre A publié ce mercredi, ce contrat aurait été établi au nom d’une entreprise appartenant au président de l’USEPPM, une association mise en cause dans l’affaire du Fonds Marianne.
Mohamed Sifaoui aurait été rémunéré à deux reprises, sur une même période, grâce à des fonds publics destinés à la lutte contre la radicalisation islamiste. Cette information majeure a été révélée lors de l’audition tendue de Mohamed Sifaoui devant la commission d’enquête sénatoriale sur le Fonds Marianne, qui a eu lieu jeudi dernier.
Le journaliste franco-algérien, considéré comme un expert des questions de radicalisation, n’avait pas dissimulé ses bonnes relations avec certains membres du Comité Interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR). C’est d’ailleurs grâce à son influence que l’USEPPM, association dont il faisait partie de la direction, a pu bénéficier de la plus importante subvention du Fonds Marianne, s’élevant à 355 000 euros, destinée à produire des « contre-discours républicains » sur les réseaux sociaux. Cependant, les réalisations de l’USEPPM dans ce domaine se sont révélées décevantes, les fonds obtenus ayant principalement servi à rémunérer les dirigeants de l’association, dont Mohamed Sifaoui.
Commission d'enquête sur le Fonds Marianne: "La première erreur que j'ai faite, c'est d'avoir fait confiance à madame Schiappa", conclut Mohamed Sifaoui pic.twitter.com/2PG0zXwxf1
— BFMTV (@BFMTV) June 15, 2023
Des articles compromettants dans le JDD
Devant les sénateurs, le journaliste a déclaré avoir touché une rémunération de 39 500 euros de la part du CIPDR pour ses prestations de consultant, de novembre 2020 à janvier 2023, période correspondant à l’appel à projets du Fonds Marianne. Pour justifier la conciliation entre cette rémunération et ses fonctions à l’USEPPM, Mohamed Sifaoui a affirmé posséder une capacité de travail supérieure à la normale.
Dans un article paru ce mercredi, La Lettre A révèle que Mohamed Sifaoui a également signé une dizaine d’articles en tant que pigiste spécialiste de Beauvau dans le JDD, entre décembre 2020 et septembre 2022. Cette situation soulève des questions déontologiques, compte tenu de ses liens avec le ministère de l’Intérieur.
Surtout, il est désormais révélé que le contrat de consultant passé avec le CIPDR a été établi au nom de R & K, une société spécialisée dans le cuir de luxe détenue par Maria Karunagaran et son mari Cyril Karunagaran, président de l’USEPPM, qui a lui-même été auditionné par la commission.