C’est aujourd’hui que les enseignants du cycle primaire mettront à exécution leur menace d’une nouvelle grève de trois jours, suite à l’échec de la rencontre qui a réuni les représentants de la tutelle et la coordination nationale des enseignants du primaire. Le débrayage sera accompagné par un rassemblement devant l’annexe du ministère de l’Education nationale. Le bras de fer entre les deux parties est plus que jamais engagé. En effet, les menaces du ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, de recourir au licenciement des enseignants grévistes et l’entêtement de ces derniers ont fait que la situation se corse davantage d’où notamment leur décision de poursuivre leur mouvement de grève.
Résultat : le secteur de l’éducation, particulièrement dans le cycle primaire, n’est pas près de sortir de la zone de turbulences qu’il traverse depuis sept semaines. En effet, les enseignants du primaire ont annoncé, jeudi dernier, la poursuite de leur mouvement de grève cyclique de trois jours par semaine, entamé depuis un mois et demi, pour réclamer la prise en charge de leurs revendications socioprofessionnelles et pédagogiques. En plus de l’arrêt de travail, les enseignants ont opté pour le boycott de la session des examens du premier trimestre.
A rappeler, par ailleurs, que les revendications principales des enseignants du primaire tournent essentiellement autour de la promulgation du statut particulier, notamment dans ses aspects liés à la promotion, l’intégration et le classement. L’on revendique également l’application «immédiate et avec effet rétroactif» du décret présidentiel 14/266. Elles réclament le droit à la retraite proportionnelle sans limitation d’âge pour les enseignants, ainsi que la révision de la classification des enseignants du primaire. La diminution des volumes horaires au primaire et ce, au même titre que ce qui se fait dans les paliers moyen et secondaire. Les grévistes demandent également la régularisation des enseignants formés après le 3 juin 2012 afin qu’ils puissent bénéficier du statut de formateur. Parmi les autres revendications figurent aussi la possibilité pour l’enseignant de bénéficier de promotion jusqu’au titre de directeur d’école, ainsi que l’activation du dossier lié à la médecine du travail.
Malgré les menaces de représailles proférées à leur encontre par le ministère de l’Education nationale, le mouvement de grève dans le primaire continue. D’ailleurs, les directions de l’éducation relevant de toutes les wilayas ont été instruites d’adresser des avertissements à tout enseignant qui prendrait part à la grève. Aussi, des ponctions sur salaire seront appliquées si la grève persiste. Cependant, en dépit des ponctions sur salaires auxquelles ils ont été soumis depuis le début de leur mouvement ainsi que des mesures dissuasives de l’administration, notamment les menaces d’exclusion, les enseignants protestataires affirment ne pas faire marche arrière. La situation reste inchangée dans plusieurs écoles, alors que les élèves sont livrés à eux-mêmes pendant les jours de grève. En se livrant aux commentaires sur les réseaux sociaux, la responsabilité est rejetée, tantôt sur les enseignants, tantôt sur la tutelle. Certains soutiennent qu’en sa qualité de premier responsable du secteur, le ministre aurait pu tenter de trouver un compromis afin de préserver l’intérêt des élèves. D’autres accusent les syndicats de vouloir améliorer leur situation socioprofessionnelle sur le dos des élèves et leur avenir. Mais tous sont unanimes à dire qu’il est temps que ce conflit trouve un dénouement. Un souhait qui semble très difficile à réaliser vu l’entêtement des parties concernées.
Du côté des organisations syndicales du secteur, qui semblent plus que jamais prises de court par ce débrayage lancé dans « l’anonymat », avant que la coordination nationale des enseignants du primaire ne se l’approprie, on tente de minimiser l’impact de la grève. C’est du moins ce que nous explique un syndicaliste pour qui « les répercussions de cette grève sur les établissements primaires sont limitées ».
Fayçal Djoudi