Le marché agricole au menu des relations algéro-européenne

Le marché agricole au menu des relations algéro-européenne

L’or vert peut-il remplacer l’or noir ?

Des experts européens émérites participent au séminaire, organisé à l’initiative du ministère de l’Agriculture en partenariat avec la Commission européenne, sur l’accès des produits agricoles algériens au marché européen.



Ce rendez vous qui s’étale sur deux jours, verra l’intervention d’une quinzaine d’acteurs du domaine des deux cotés de la Méditerranée, désireux qu’un partenariat gagnant- gagnant soit enf in consacré entre l’Algérie et l’Europe, et que notre pays puisse enf in parvenir à la conquête des marchés de la rive nord.

Ainsi cet évènement, au-delà de la reconfiguration des relations algéro-européennes, au centre du débat actuellement, permettra aux pouvoirs publics et aux professionnels du secteur de diagnostiquer les insuff isances d’un segment essentiel mais souffrant d’une véritable stratégie pour l’exportation.

En conséquence, le conclave d’hier et d’aujourd’hui, se devait de faire un audit quant aux mécanismes qui permettent une meilleure maîtrise en termes de logistique de transports, de conservation et surtout en termes de normes.

PRISE DE CONSCIENCE ET CHANGEMENT

Peut-on exporter des produits agricoles alors que nos besoins alimentaires ne sont même pas rassasiés ? Bien évidemment que non. Depuis quelques années, les Autorités publiques semblent avoir pris conscience du paradoxe ainsi que de l’importance de la filière des produits agricoles.

La dynamique observée actuellement au niveau de tous les départements de l’agriculture le conf irme. Plus qu’un leitmotiv, la sécurité alimentaire et autre autosuff isance, sont de nos jours des objectifs clairs des pouvoirs publics, et ce n’est pas tout. L’Algérie compterait, en plus, tout miser sur les produits agricoles pour son exportation hors Hydrocarbure. La f ilière représenterait l’une des meilleures opportunités qu’offre notre pays à l’export.

En toile de fond de ce bouillonnement «positif», des pouvoirs publics, un gigantesque programme de renouveau rural, et 3 objectifs avoués : améliorer le niveau de sécurité alimentaire, développer un équilibre durable de l’ensemble du territoire national et enf in, utiliser rationnellement les 3 ressources naturelles que sont l’eau, le sol et les spécif icités génétiques de nos produits.

Pour se faire, l’Etat a entrepris depuis 2008, 3 actions en parallèle : création d’un environnement incitatif à l’exploitation agricole, l’intensif ication de la production des produits dits stratégiques, ainsi que la régulation des produits agricoles de large consommation.

Le résultat attendu est simple : «Rassasier les marché locaux, et atteindre un accroissement des produits susceptibles de trouver preneurs à l’étranger». Des objectifs chiffrés sont même inscrits sur les tablettes du ministère de l’Agriculture et deux exemples sont présentés : 890.000 tonnes de datte dont le tiers labellisé «Deglet Noor » (produit d’appel) sont prévues à l’horizon 2014, dont un huitième sera réservé l’export.

Même chose pour les cultures maraîchères qui prévoient d’atteindre les 9 millions et demi de tonnes la même année. A cela s’ajoutera un «coup de pouce» administratif, en l’accroissement des capacités de contrôles aux frontières pour assurer la sécurité sanitaire ainsi que la promotion des labels. Le travail sera laborieux.

RÈGLEMENT DES PROBLÈ- MES ENDOGÈNES

Chaîne d’exportation ineff icace, des problèmes de respect de la chaîne de froid et celle de la conservation sans parler des normes d’accès aux marchés européens qui restent inconnues des opérateurs nationaux, ce sont là les maux qui rongent la f ilière algérienne de l’exportation actuellement. Des problèmes, endogènes, propres à notre pays, qu’il est indispensable de régler avant toute initiative aventureuse de conquête.

Tel est le diagnostic de M. Bennini, DG de l’Agence pour la promotion de l‘exportation ALGEX. Il dresse ainsi un tableau des lacunes du secteur de la filière exportation des produits agricoles, mais explique que ce sont là, autant de sujets sur lesquels peuvent collaborer la Commission européenne et les différents départements de l’Agriculture participants au séminaire.

En effet, le rendez vous d’hier et d’aujourd’hui n’est qu’une occasion de plus pour débattre et en conserver autours des diff icultés de la f ilière exportation es produits agricoles. Aussi, le séminaire appelle a engager des partenariats d’aide avec l’Europe.

Une aide de la Commission européenne est d’ailleurs fortement attendue sur le volet des normes (conservation, consommation etc). Les différents Instituts algériens chargés de ce problème sont, à ce titre, toute ouïe. Par ailleurs, un effort est attendu, notamment pour les plateformes d’exploitation, ici et ailleurs, ce qui faciliterait le respect des chaînes de froid et de conservation.

Les pôles agricoles locaux pourraient constituer une solution à ce souci, mais les expériences européennes dans ce domaine sont les bienvenues. De surcroît, l’augmentation des capacités de stockages et de conservations, déjà entreprise par les pouvoirs publics, se fait de plus en plus pressant.

LOBBYING

Enfin le lobbying. Les algériens le négligent alors que les étrangers on en fait la clé de voûte de leurs échanges commerciaux.

Point de représentations permanentes des Instituions commerciales algériennes à l’étranger, à l’image des Chambres de commerce. Un appel a été fait à ce sujet. L’heure est donc au sursaut. Surtout que, comme expliqué par M. Bennini, les produits d’appel algériens ont toutes leurs places sur les marchés européens et particulièrement français.

La forte Communauté algérienne dans ces pays devrait, à elle seule, être un avantage pour la f ilière. De plus, les volumes de production se sont améliorés et le secteur connaît régulièrement des surproductions pour certains produits, sans parler de la volonté politique qui suit enfin.

Raou Habib