Le marché de gros des fruits et légumes d’El Kerma: un pôle à vocation régionale

Le marché de gros des fruits et légumes d’El Kerma: un pôle à vocation régionale

Plus de 110.739 tonnes de légumes et fruits ont transité en 2015 par le marché de gros d’El Kerma, à l’entrée Ouest d’Oran. Transporteurs, producteurs, fournisseurs, grossistes et détaillants y viennent tous les jours pour assurer l’approvisionnement d’une population oranaise avoisinant les deux millions d’âmes.

Il est 4 heures du matin, en ce jour de juin, au marché de gros d’El Kerma. C’est déjà le va-et-vient incessant des véhicules, notamment les poids lourds commerciaux et autres camions légers. Un camion, immatriculé à Blida, arrive. Le conducteur s’acquitte du droit d’entrée fixé à 400 DA puis 300 autres DA pour le stationnement. « C’est pour passer la nuit, ici », fait-il remarquer avec sourire. Il compte passer la nuit au marché où la sécurité est assurée H24.

Après avoir emprunté quelques allées, dans ce brouhaha matinal, le conducteur s’arrête au pavillon G pour décharger sa marchandise face au quai 14. Le chef arrive. « Il y a 40 caisses de pêche et des fruits et légumes ». Le prix n’est pas encore fixé pour ce fruit de saison mûr mais l’on parle déjà de 160 DA le kilo.

La journée avait commencé très tôt pour  ce grossiste. C’est le second camion qu’il réceptionne, explique-t-il. Entre temps, ce sont des tonnes de marchandises qui ont été écoulées. « Ce sont des commandes exprimées la veille », précise-t-il.

Les manutentionnaires sont déjà sur place pour déballer la marchandise et la livrer aux camionneurs qui l’attendaient. Les sonneries des téléphones ne cessent de retentir. Les affaires battent leur plein.

« Aujourd’hui, les cours du marché sont abordables. La pomme de terre est cédée entre 17 et 20 DA et la tomate se négocie entre 50 et 60 DA le kilo », explique Abdennour Kaladjou, un mandataire en fruits et légumes.

Au niveau des différents pavillons, c’est le branle-bas de combat. Les véhicules roulent dans tous les sens. Chacun essaie de se frayer un chemin pour faire une bonne affaire !

Les légumes sont disponibles en abondance. Carottes, oignons, aubergines, courgettes, poivrons, pommes de terre, haricots verts, tout y est. Les marchandises passent d’un camion à un autre. Une fois chargés, les camions prennent d’autres destinations.

Le marché de gros d’El Kerma est desservi par au moins une vingtaine de wilayas dont Oran, Mascara, Saïda, Tiaret, Sidi Bel Abbes, Relizane, Aïn Témouchent, Tlemcen, Blida, Boufarik, Chlef, Aïn Defla, Tipasa, Tizi Ouzou, Médéa, Biskra, El Oued, Ghardaïa, Alger, Boumerdès et Sétif, entre autres.

Un pôle commercial régional

Les heures passent. Les allées des différents pavillons continuent d’accueillir en cette journée quelques visiteurs, des détaillants. C’est la baisse des transactions. Hormis quelques boxes de grossistes qui restent ouverts, la tension tombe et le silence s’installe subitement.

Le chef de service exploitation, Mohamed Salah Helaïli, présente avec fierté ses chiffres. « Ce sont plus de 1.860 véhicules, entre visiteurs, producteurs et fournisseurs, qui sont entrés ce jour au marché pour assurer, pour les besoins locaux, un approvisionnement en fruits et légumes », assure-t-il, ajoutant que cette structure traite quelque 303 tonnes de fruits et légumes par jour.

Le marché compte 9 pavillons de 24 box chacun, avec un total de 216 mandataires et 256 travailleurs.

« Avec le nouveau  pavillon réservé au commerce des oeufs qui sera mis en service prochainement et la mise en œuvre du nouveau plan d’investissement, le marché connaîtra une hausse significative », explique M. Helaili estimant que le marché de gros d’El Kerma a toutes les chances de devenir un pôle commercial avec son marché à bestiaux, géré en concession.

« Notre marché a tous les atouts pour renforcer son attractivité, car, nous avons l’ambition d’en faire un pôle économique. Toutefois, l’environnement ne suit pas toujours », fait observer le DG de l’établissement, Tahar Belarbi, citant le cas de la BADR, installée au sein du marché depuis trois années, mais qui n’as pas encore démarré ses activités. « Nous sommes forcés d’aller à Es-Sénia, pour déposer nos recettes du jour », déplore-t-il.

Il est midi, c’est pratiquement la fin de la journée pour les grossistes, les chefs de marchés et les manutentionnaires. Seuls quelques camionneurs sont sur les quais. C’est le tour des agents de nettoiement d’entamer leur travail.

Ils collectent, entre autres, les déchets verts du marché qu’ils mettent dans des bacs avant d’être dirigés vers le centre d’enfouissement technique de Hassi Bounif pour être valorisés et en faire un compostage. Le marché est partenaire de l’ONG « R20 ».

Outre la propreté des lieux, les responsables du marché relèvent comme autre point fort la sécurité. « Aucun incident majeur ne s’est produit depuis l’ouverture du marché, en  juin 2012. Des caméras de surveillance sont installées à l’entrée du marché et à l’intérieur des pavillons », assure-t-on.

Pour les gestionnaires, le maître mot reste incontestablement la création d’emploi, la hausse des activités de cette infrastructure et la concrétisation du  plan d’investissements.

« Nous avons besoin davantage de chambres froides. Les 3.000 mètres cubes actuels sont insuffisants au vu du volume d’activités projetées et attendues avec l’accroissement de la population oranaise », explique Tahar Belarbi, qui plaide également pour la réalisation de structures de transformation agroalimentaires.

« Les pertes sont énormes. Des produits fortement périssables sont jetés à la poubelle, alors qu’ils peuvent être transformés », déplore-t-il.