Les voyageurs étrangers à la ville d’Oran qui empruntent le train pour visiter cette ville doivent sûrement penser qu’il existe un camp de réfugiés, lorsqu’ils aperçoivent à l’entrée de cette ville des dizaines de tentes dressées non loin de la voie ferrée et qui ne sont autres que le marché des vêtements d’occasion.
Un marché qui n’a été implanté sur ce site que de façon provisoire, rappelle-t-on, mais cela fait de plus de dix ans que ce chancre urbain continue d’enlaidir le paysage de la deuxième ville du pays. En somme, un provisoire qui dure, et qui à la longue est devenu un point noir dans une ville qui s’apprête à recevoir dans quelques années les Jeux méditerranéens. Un point noir au cœur de la ville à cause de la vétusté de la toile des tentes et à cause des tonnes d’ordures qui jonchent le sol à l’intérieur de ce marché (photo n°1).
Le nombre impressionnant de bouteilles en plastique remplies d’urine jonchant également le sol nous a poussés à demander à un commerçant s’il n’y avait pas de toilettes. Sa réponse a été: «il existe un WC tout à fait au fond du marché que nous avons construit nous-mêmes, mais c’est insuffisant et c’est loin de nos commerces.
Certains d’entre nous ne peuvent pas abandonner leurs commerces pour se rendre 200 mètres plus loin pour se soulager, ils utilisent donc des bouteilles en plastique», nous a expliqué ce commerçant.
Dans ce marché existe aussi des gargotes où les conditions d’hygiène laissent à désirer, ce qui a fait dire à un visiteur, auquel nous avons demandé son avis: «on ne dirait pas que nous sommes dans une ville qui aspire à devenir une métropole, une ville considérée comme étant la deuxième capitale du pays ne mérite pas ce sort, les responsables locaux peuvent bien construire un marché couvert digne de ce nom et l’attribuer à ces commerçants ou bien, ils peuvent leur attribuer les locaux commerciaux qui ont été construits dans les différentes communes dans le cadre du programme du président de la République et lesquels demeurent fermés et livrés au vandalisme», tient à commenter notre interlocuteur.
A la sortie nord de ce marché, la situation n’est guère reluisante, elle est scandaleuse et révoltante. C’est une montagne de détritus qui agresse outrageusement la vue, et ce, en face du CEM M’ghaoufel Keltoum et contre son mur de clôture, une situation honteuse qui ne semble inquiéter aucun responsable. «C’est bien dommage de voir El Bahia dans cet état de clochardisation, les responsables semblent ignorer que la
ville d’Oran ne se limite pas uniquement à quelques boulevards du centre-ville», déclare un riverain. Un peu plus haut, c’est-à-dire a deux pas du grand boulevard qui traverse El Hamri, c’est une autre montagne de détritus entassée au
coin d’un transformateur électrique et le cimetière chrétien, des détritus que les mécaniciens qui squattent illégalement les trottoirs pour en faire des ateliers de mécanique à ciel ouvert, au vu et au su de tous jettent ici en toute impunité, dont l’un d’eux, nous a agressé verbalement, lorsqu’il nous a vus prendre des photos, proférant contre nous des insultes et des menaces, un genre de personnes qui contribuent à salir et à clochardiser Oran.
A. Bekhaitia