Le montant des richesses du Sahara occidental spoliées par le Maroc dépasserait les10 milliards de dollars annuellement, selon le docteur Zoubir Ghali, président de l’Institution sahraouie du pétrole et du gaz.
Le phosphate, le sable, les ressources halieutiques et le sel pillés au Sahara constituent les principales richesses du royaume, a-t-il déclaré hier à Alger, lors d’une conférence de presse organisée au centre de presse sahraoui.
« Chaque année, plus de 100 bateaux sont chargés de phosphates depuis le port de Laâyoune pour se diriger vers des marchés extérieurs », a-t-il dénoncé en citant des dizaines de sociétés étrangères impliquées dans le pilage du phosphate sahraoui dont des sociétés américaines, néo-zélandaises, mexicaines, australiennes, indiennes, pakistanaises et iraniennes disposant de permis d’exploitation délivré par le royaume. « Les exportations marocaines en phosphate ont atteint 1,4 million de tonnes en 2015, en lui générant des recettes de 167,8 millions de dollars », a-t-il avancé.
En 2014 et 2013, les exportations de cette ressource ont été plus importantes, atteignant respectivement 2,1 millions de tonnes et 1,8 mt, selon les précisions de Ghali. Ce spécialiste en géologie et pétrole a mis en garde contre cette surexploitation effrénée qui risque d’épuiser cette richesse.
« A ce rythme de production, les mines de phosphate de Boukraa risquent de disparaître d’ici à 2040 », a-t-il prévenu. Evoquant le pillage des ressources halieutiques, qui constituent une rente importante pour le royaume, ce conférencier affirme que 80% de la pêche s’effectue dans les eaux territoriales du Sahara occidental.
Il a cité à ce titre le dernier rapport de la FAO de 2016, publié en février 2017, qui confirme la place du Maroc en tant que premier exportateur de poisson et de produits halieutiques à l’échelle arabe et africaine et 17e à l’échelle mondiale. « Le Maroc est effectivement le pays le plus riche en ressources halieutiques à l’échelle arabe et africaine. Mais cette place, il l’a acquise en spoliant les richesses sahraouies », s’est-il indigné.
Le Maroc subit la pression de ses alliés
Très optimiste quant à la fin de la mainmise marocaine sur les richesses du Sahara occidental, Zoubir Ghali a cité en appui la position de la Cour de justice européenne (CJUE) favorable à son pays, rappelant qu’elle a statué le 21 décembre dernier sur la question de l’accord de libre-échange, en déclarant en dernière instance que l’accord de libre-échange avec le Maroc ne s’applique pas au Sahara occidental.
En effet, selon le tribunal, l’ancienne colonie espagnole contrôlée par Rabat depuis 1974 ne relève pas de la souveraineté du Maroc et, de ce fait, les accords ne peuvent s’y appliquer. La Cour a également jugé que « le peuple de ce territoire (le Sahara occidental) doit être regardé comme un tiers susceptible d’être affecté par la mise en œuvre d’un accord de libre-échange », concluant de ce fait que l’accord ne peut être applicable sans le consentement du peuple du Sahara occidental.
La CJUE avait par ailleurs constaté qu’« il n’apparaît pas que ce peuple ait consenti à ce que l’accord soit appliqué au Sahara occidental ». Cette décision a eu un impact positif sur le Sahara occidental, selon Ghali qui affirme que plus de 20 entreprises étrangères se sont déjà retirées du Sahara occidental.
Il a également évoqué la dernière position des députés européens en faveur de son pays, qui ont voulu se conformer à l’arrêt de la Cour de justice européenne en réclamant que le Sahara occidental soit exclu des négociations de l’accord de libre-échange entre le Maroc et l’Union européenne. Pour lui, « de telles décisions venant des pays européens, qui sont les principaux alliés du Maroc, devraient faire avancer les choses en faveur du peuple sahraoui.
Quant au retour du Maroc au sein de l’Union africaine, Ghali estime que le royaume, à travers sa réintégration au sein de cette organisation régionale, devrait se conformer à ses principes dont le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le respect des frontières héritées de la colonisation.