Le maroc entrave la mission de christopher ross au sahara occidental : Lamamra met au pas mohammed VI

Le maroc entrave la mission de christopher ross au sahara occidental : Lamamra met au pas mohammed VI

L’attitude du pouvoir marocain vis-à-vis de l’envoyé spécial de l’ONU chargé de trouver une solution à la question sahraouie est de surcroît annonciatrice d’une crise majeure entre Washington et Rabat.

Une note interne du ministère marocain des Affaires étrangères portant la référence DG/7/6/N°/2014 indique que la visite du chef de la diplomatie algérienne à Washington au mois de septembre dernier n’est pas étrangère à l’annulation de la participation du souverain marocain à la 69e session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies.

Au centre de cette dérobade: la question du Sahara occidental que le monarque alaouite aurait souhaité voir évoluer à sa guise et qui a tourné en eau de boudin. Le Maroc a émis des conditions au représentant personnel du SG de l’ONU pour qu’il puisse remettre les pieds au royaume. Les Etats-Unis ont vu rouge.

Le pouvoir marocain est resté sur la défensive

Lors d’un entretien téléphonique avec Mbarka Bouaida, la ministre marocaine déléguée aux Affaires étrangères et à la Coopération, la sous-secrétaire d’Etat, Anne Patterson, lui a fait savoir que Christopher Ross «doit revenir» et «que le Maroc doit le laisser faire son travail». Une position que lui a réitéré la sous-secrétaire d’Etat aux Affaires politiques Wendy Sherman, en marge des travaux de la 69e session de l’Assemblée générale de l’ONU.

Résultat: Mohammed VI est resté chez lui. Ses caprices n’ayant pas trouvé écho. Lamamra a certainement dû les contrarier. Le pouvoir marocain est resté sur la défensive et a continué à remettre en cause la médiation de Christopher Ross.

Conséquences: «Les prémices d’une deuxième crise avec l’administration Obama commencent déjà à se dessiner et portent encore une fois sur la démarche de M.Ross ainsi que sur sa visite au Maroc», indique le document du département de Salah Eddine Mezouar qui souligne que «Washington ayant une sensibilité particulière à tout ce qui touche à ce diplomate américain dont la longue carrière au sein du département d’État a porté essentiellement sur les questions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord».

La «force de frappe» de la diplomatie algérienne

L’Algérie, qui soutient Christopher Ross dans ses efforts pour trouver une solution juste et acceptable qui puisse garantir le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui dans le cadre des résolutions votées par le Conseil de sécurité de l’ONU ne verrait pas d’un mauvais oeil la position américaine évoluer en ce sens. Rabat redoute au plus haut point un tel revirement qui ne semble plus être qu’une vue de l’esprit.

La «force de frappe» de la diplomatie algérienne étant désormais attestée.

Le Makhzen doit s’y habituer.

«Il y a lieu de ne pas sous-estimer les capacités de manoeuvre de nos adversaires (algériens, Ndlr), pour tirer profit des tensions en cours, d’autant plus que le ministre des Affaires étrangères algérien, M.Ramtane Lamamra, a effectué du 18 au 20 septembre 2014 une visite à Washington où il a été reçu par le secrétaire d’Etat John Kerry et la conseillère à la Sécurité nationale, Mme Susan Rice», est-il mentionné dans le document marocain.

Quels résultats a-t-elle donné? «Il y a lieu de signaler, à ce niveau, que Washington a, d’ores et déjà, commencé à introduire des changements dans sa position, au sein de l’ONU» indique la note du ministère marocain des Affaires étrangères qui révèle qu’«en effet, lors de l’examen du rapport annuel du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale pour la période 1er août 2013-31 juillet 2014, la délégation américaine a introduit des amendements dans la partie sur le Sahara dudit rapport, en supprimant toute référence «aux Etats voisins», ce qui reviendrait à dédouaner complètement l’Algérie de sa responsabilité dans le conflit autour de notre question nationale (Sahara occidental, Ndlr)».

L’Oncle Sam a déjà brandi la matraque

Le Maroc qui n’a pas renoncé à avoir la tête de l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental n’a pas encore mesuré l’impact d’une telle démarche sur ses relations avec les Etats-Unis.

«Il s’agirait donc, au stade actuel, d’évaluer la situation dans son ensemble, et de mesurer le prix politique des événements à venir en considérant éventuellement, la possibilité pour notre pays de désavouer l’actuel Envoyé personnel du secrétaire général…» indique la note du ministère marocain des AE. Une démarche qui peut se payer cher. L’Oncle Sam a déjà brandi la matraque. Le retour de bâton américain risque de faire très mal.