Devant les députés, jeudi dernier à Alger, le ministre de la Communication, Nacer Mehal, a affirmé la nécessité de procéder à une révision globale des textes législatifs et réglementaires du secteur de la communication.
Il participait à une séance de questions orales, consacrée notamment à la publicité et l’information à la télévision nationale. M. Mehal, qui répondait à la question d’un membre de l’Assemblée populaire nationale (APN), a évoqué «l’anarchie» prévalant dans le secteur de la publicité en Algérie ainsi que l’investissement étranger dans ce secteur.
Il a ajouté que l’on ne peut remédier à cette situation «en l’absence d’un code de l’information devant donner lieu à la promulgation de lois relatives à la publicité». On relève qu’un projet de loi sur la publicité a été bloqué par le Conseil de la nation en 1999.
Il y a onze ans. Ce projet de texte, auquel ni les «politiques» ni les «spécialistes» n’ont accordé un intérêt particulier, mettait un terme au monopole de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP) sur la publicité étatique. Ce serait le motif principal de l’oubli de ce document, dont ne veut ni la majorité parlementaire, ni son prolongement gouvernemental.
Sans évoquer cette séquence, le ministre de la Communication a rappelé l’existence de textes qui régissent la publicité de manière «partielle» dans le but de protéger le consommateur. S’agissant des messages publicitaires et de la protection du citoyen d’éventuelles déviations publicitaires, il a souligné qu’aucun manquement aux dispositions de l’article 26 de la loi n° 90-07 n’a été enregistré à ce jour.
UNE PAGAILLE RÉMUNÉRATRICE
Il reste que, ces dernières années, quelques agences de publicité ont fait, par exemple, un usage très «intensif» du drapeau national à des fins commerciales sans qu’aucune autorité ne réagisse. Sur un autre chapitre, récemment, un compact disc promotionnel réalisé pour le compte de la banque Société Générale Algérie par une agence locale exploitant une grande enseigne internationale, contenait des passages obscènes et d’autres attentatoires à l’Algérie.
Ce compact disc scandaleux, distribué lors d’une cérémonie organisée par cette banque, pourrait bien prendre un cours judiciaire, au plan du droit commun. Mais ne pose-t-il pas également une question d’éthique pour les professionnels de la publicité ? Qualifier cette situation d’anarchique n’est pas excessif. On ne sait pas qui compose exactement cette «corporation» des professionnels de la publicité. On sait qu’il existe à l’échelle nationale des centaines et des centaines de sociétés ayant la publicité comme activité déclarée.
On sait que sur la place d’Alger, de nombreux Tunisiens, Libanais et des Français se sont installés. Certains étrangers, profitant de la déréglementation de fait du secteur, viennent sous une bannière ou exploitent une enseigne prestigieuse, telles Publicis, Eurosg, Drive…
Les Tunisiens, dont Karoui et Karoui sont les plus représentatifs, sont les plus nombreux, sans que la réciproque soit valable pour les Algériens en Tunisie dans la publicité ou d’autres secteurs d’activité. Naturellement, tous pointent à la Banque d’Algérie pour l’exportation des bénéfices provenant de leurs services. Et lorsque la Banque d’Algérie ne donne pas son visa, les épiciers algérois ou le square Port Saïd, qui font office de bureaux de change, se chargent de cette clientèle «informelle».
On estime que le chiffre d’affaires de toute la publicité tourne actuellement autour de 20 milliards de dinars. Cette pagaille très rémunératrice pourrait bien intéresser les pouvoirs publics, en quête de réduction des dépenses en devises notamment.
On ignore toutefois quelle est la proportion de l’argent transféré légalement à l’étranger au titre de cette activité.
Pour le moment, le ministre de la Communication a indiqué aux députés que son département a «entamé l’élaboration d’un décret exécutif», qui est «en cours de finalisation», et «qui définit les conditions et modalités d’exercice de l’activité des agences de communication et de publicité et les normes de contrôle de leurs activités».
L’INFORMATION, SELON LE STATUT JURIDIQUE
Au cours de cette séance de questions, un député s’est intéressé à la couverture des activités des partis politiques et des associations locales par la Télévision qui, selon lui, «favorise» certaines parties. Le ministre a indiqué que la télévision algérienne «est la propriété commune de tous.
C’est une entreprise de service public, qu’elle assure conformément à un cahier des charges, et ne peut, de ce fait, faire de distinction dans le traitement quotidien des évènements». Les partis politiques, notamment les groupes parlementaires, sont forcément plus présents à la télévision, a expliqué M. Mehal, précisant que «cela ne signifie pas que les activités des autres partis ne soient pas couvertes, mais la couverture est assurée à condition que ces derniers disposent d’un statut juridique».
S’agissant de la couverture des activités des associations, a-t-il ajouté, celles-ci sont soumises au taux de représentativité au niveau national et à la densité de leurs activités.
Qu’il s’agisse des partis politiques ou des associations, la densité des activités permet aux uns de paraître à la télévision plus que d’autres, a ajouté le ministre, précisant que cela «ne relève pas de la responsabilité de la télévision». En évoquant «le statut juridique» de l’acteur de l’information, ou la représentativité d’une association, on ne sait pas si la réponse du ministre a satisfait le député ou si elle lui a inspiré de nouvelles questions.
Le débat sur le traitement de l’information par la télévision nationale paraît sans fin. Seule sur le territoire national, elle fait ce qu’elle veut, selon ses critères. Elle impose son ordre. Ceux qui ne sont pas d’accord avec son ordre protocolaire et institutionnel de l’information, politiquement très correct, ne peuvent que zapper .