Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a défendu hier l’option de la prochaine élection présidentielle comme issue à la crise que traverse le pays et s’est dit «optimiste» quant à l’avenir qui attend l’Algérie, après l’élection d’un nouveau président de la République.
Belkacem Zeghmati, qui prononçait un discours d’ouverture lors d’une journée thématique organisée par le Conseil constitutionnel, a estimé qu’il était du devoir des institutions de la République de protéger ce droit. «Le peuple est source de tout pouvoir et les élections constituent l’un des moyens lui permettant de choisir celui qui s’acquittera de la plus haute responsabilité du pays, celle de président de la République», a déclaré le garde des Sceaux, ajoutant que «protéger ce droit est un devoir des institutions de l’Etat». Ces dernières, a-t-il assuré, «y travailleront en application de la Constitution et des lois dans le calme et la sérénité pour garantir transparence et crédibilité». Les propos de M. Zeghmati interviennent, faut-il le préciser, au moment où des voix s’élèvent dans plusieurs communes du pays, rejetant l’organisation des élections du 12 décembre. Dans certaines APC, il y a même eu fermeture du bureau des élections par soit, les citoyens, soit les responsables.
Pour M. Belkacem Zeghmati, la prochain présidentielle constitue «une croisée de chemins dont dépend le destin des nouvelles générations». Le mouvement populaire déclenché le 22 février doit, selon sa logique, s’arrêter à la date de ces échéances. «Si notre peuple exerce depuis des mois son droit à la manifestation pacifique arraché grâce à sa conviction pour un avenir rayonnant qui attend l’Algérie et grâce à son civisme dans son objectif qui a surpris le monde, le prolongement de cet objectif s’arrête devant une étape au destin dépendant du présent», a-t-il fait savoir. Et de désigner cette «étape» par la prochaine élection présidentielle qui retient, a-t-il enchaîné, «les espoirs de tous les Algériens».
Optimisme
Sans le nommer, M. Zeghmati rendra un hommage au Haut-commandement de l’Armée qui s’est érigé en «rempart» contre les menaces de division qu’encourait l’Algérie. «Pour cela, je salue les jaloux de notre pays l’Algérie qui ont montré une conscience de l’importance de la prochaine élection, à même d’éviter au pays les risques de division». Appelant à «ne pas oublier leur mérite pour s’être érigé tel un rempart devant ceux qui excellent dans l’art de surfer sur les vagues dangereuses et de réveiller les démons de la fitna et de la division». L’allusion ici, vise, on ne peut plus clair, les acteurs de l’opposition et autres activistes qui rejettent la présidentielle et proposent d’autres solutions à la crise. Plaidant pour le respect de la loi fondamentale, le ministre de la Justice estime que «la grandeur d’une société se mesure au degré de son respect de la loi suprême qui régit ses affaires. La Constitution». A cet effet, il n’hésitera pas à montrer son «optimisme» pour un avenir éclairé, soutenant que «le plus dur est passé». Un sentiment qu’il tire, dit-il, de «ce que j’ai vu chez notre jeunesse».
«Les droits étaient piétinés»
Par ailleurs, le ministre qui, pour rappel, a été limogé en 2015 de son poste de procureur général de la Cour d’Alger par Bouteflika, dans la foulée du mandat d’arrêt international lancé contre l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, a fait un véritable procès à l’ancien régime. En début de son discours, M. Zeghmati dira : «Si, à travers le parcours de son histoire, le peuple s’est sacrifié pour le droit à se libérer du colonialisme, la génération d’aujourd’hui, elle, continue de militer pour consacrer d’autres droits qui ne sont pas des moindres». Lesquels ? «Il s’agit du droit à l’égalité, longtemps piétiné à cause de la voracité d’une poignée de personnes sans conscience ni éthique», a-t-il asséné. Il s’agit aussi «du droit au travail devenu difficile à atteindre à cause du piston installé en règle de recrutement», ajoute le ministre. Et enfin «du droit à un jugement devant une instance juridique indépendante garantissant les règles d’un procès équitable, droit qui a failli disparaître à cause des humeurs de partialité, d’abus de pouvoir et de l’argent sale». Un constat accablant dont la cible et le régime de l’ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika et contre lequel,
«des dignes de ce pays ont fait face», fera remarquer le ministre de la Justice.