Le miroir français de nos fautes

Le miroir français de nos fautes

La presse française s’est réveillée sous le choc. C’est d’ailleurs le terme qui a dominé les “unes”. Vu d’ici, la France commence à trop nous ressembler. Depuis un certain temps. Et avec vingt ans d’intervalle. Et c’est là que nous la reconnaissons.

Quand elle emprunte le chemin de nos imprévoyances. Quand des attentats de plus en plus meurtriers viennent l’éprouver, quand elle se contraint à un couvre-feu… Car, bien qu’utile au shopping en tous genres à nos politiciens gâtés et à nos affairistes, à leurs soins, à nos appétits de culture, à nos envies consuméristes et à nos visas, elle est “notre premier ennemi” et “notre dernier ennemi”, selon la formule émise par Brel à propos des “biches”.

Hier matin, comme l’Algérie en janvier 1991, l’Hexagone s’est réveillé avec la nouvelle ahurissante d’un parti extrémiste devenu premier parti de France. Bien sûr, le parti en question n’est pas “extrémiste” pour tous. Et, en tout état de cause, elle aura expérimenté cette perversité électorale où des citoyens peuvent voter pour des idéologies qui les rebutent et qu’ils redoutent !

La marche conquérante du Front national a été longue et les institutions n’ont été préservées que par le recours au réflexe “républicain” d’un establishment politique qui ne sait plus réagir qu’au pied du mur. Mais qu’est-ce que ces républiques qui homologuent des partis politiques “non républicains” pour ensuite ruser afin d’empêcher leurs succès ? Car, enfin, contraindre ses électeurs à voter pour un frère ennemi dont on ne partage que la “républicanité” n’est-ce pas une forme d’“interruption du processus électoral”, en tout cas, de la logique électorale ? En rassurant, à chaque échéance, la classe politique traditionnelle sur les résultats électoraux, ce subterfuge et d’autres, comme le choix tactique du mode de scrutin, l’auront finalement dispensé d’affronter l’extrémisme de droite. Ce faisant, ils ont facilité la tâche au FN qui avait affaire à des leaders qui, au lieu de prendre le taureau de l’idéologie fasciste par les cornes, s’amusaient à lui disputer ses thèmes de campagnes et, parfois, à se montrer plus “frontistes” que le Front ! Exactement comme a fait le sérail FLN, dans son écrasante majorité, en se convertissant aux illusions et apparats islamistes à partir de 1990 ! Y compris dans sa haine du progrès, de la démocratie et des démocrates, des libertés d’opinion, de culte et de culture !

C’est ainsi que la France ne s’est pas vu lentement se radicaliser. Et pas seulement de cette radicalisation qui prospère dans ses banlieues à forte concentration musulmane. Aujourd’hui, les Français sont contraints de se poser nos questions de 1991, pas pour ces régionales, mais en prévision d’élections plus décisives : oser encore “le coup d’État électoral” ou tenter “la régression féconde” ?

M. H