Le pétrole est-il une bénédiction ou une malédiction ? Cette question a fait l’objet de manuels spécialisés dans l’industrie pétrolière. L’une des conclusions de ces études paraît simple : tout dépend de l’usage qu’on fait de la rente pétrolière. Transposé au cas algérien, il est clair que le pétrole a constitué une malédiction pour notre pays.
Arguments à l’appui, Sid-Ahmed Ghozali, l’ex-chef de gouvernement, conclut dans la conférence-débat sur le sujet, que 900 milliards de dollars tirés des exportations d’hydrocarbures durant les 15 années de mandat du chef de l’État n’ont pas permis de diversifier l’économie algérienne. Il pointe du doigt la mauvaise gestion des affaires du pays. En d’autres termes, l’Algérie n’a pas profité de cette aubaine pour construire une économie hors hydrocarbures qui aurait permis d’éviter cette crise financière qui frappe à nos portes et qui menace le pouvoir d’achat de la majorité des Algériens.
Sous d’autres cieux, le pétrole est une bénédiction. Nous pouvons citer l’exemple de la Norvège qui a su utiliser l’argent de son pétrole en le plaçant, subtilement, dans des fonds d’investissement au profit des générations futures et en assurant une moindre dépendance de son économie aux fluctuations des prix du baril.
Ainsi, l’Algérie doit revoir, si elle veut éviter le chaos, outre son système politique trop anachronique et fort éloigné d’un État de droit, le mode de fonctionnement de son économie. En l’occurrence, placer l’entreprise comme acteur principal de cette diversification économique, thème d’une journée organisée hier par le FCE, fait partie des principaux remèdes. Cette solution s’avère, aujourd’hui, beaucoup plus un objectif, voire un slogan qu’une réalité. Faute d’un ingrédient majeur : la démocratie économique. En clair, la concertation est recommandée avec les opérateurs, les experts et les différents acteurs économiques pour dégager des solutions consensuelles en vue de diversifier l’économie et surtout mettre en place à court terme les amortisseurs efficaces à une plus grande dégradation de la situation financière du pays, en raison de la chute des prix du pétrole.
Car, il faut le dire, notre économie ne s’oriente pas vers la bonne direction : climat des affaires contraignant, démarche industrielle contestée, concertation insuffisante et bureaucratie paralysante. Autant de maux qui réduisent notre capacité à surmonter la crise financière qui affecte le pays. Tant qu’on n’aura pas libéré l’acte d’entreprendre et l’acte d’investir, il sera vain de s’attendre à des progrès rapides en matière de diversification économique.