Le mouvement Bina propose Chenine pour mener le dialogue : L’APN, nouvelle courroie de transmission pour la présidentielle

Le mouvement Bina propose Chenine pour mener le dialogue : L’APN, nouvelle courroie de transmission pour la présidentielle

AZIZ LATRECHE

Les contours du dialogue devant précéder l’organisation de l’élection présidentielle et les personnalités qui vont encadrer le processus, tel que décliné par le chef de l’Etat dans son dernier discours, se précisent jour après jour.

Première indication. L’Assemblée populaire nationale (APN), qui a élu son président, mercredi passé, en la personne de Slimane Chenine, député de la troïka islamiste (Adala-Ennahda-Bina) est partie pour tenir le rôle de la nouvelle courroie de transmission d’une présidentielle projetée par le pouvoir politique et contestée par le mouvement populaire et des formations politiques de la mouvance démocratique. 
Le président du mouvement Bina, Abdelkader Bengrina, vient en effet de « plébisciter » le nouveau président de l’APN pour diriger le dialogue national annoncé par Abdelkader Bensalah. Cela s’est passé hier à Sidi Fredj où le chef d’El Bina a présidé une rencontre régionale des cadres du parti.

Une occasion pour l’autre transfuge du Mouvement de la société pour la paix (MSP) de vanter les qualités du successeur de Bouchareb au perchoir de la Chambre basse du Parlement. M. Bengrina a estimé que Slimane Chenine « est l’un des acteurs de la plateforme de Aïn Benian (Alger), initiée par le conglomérat politique appelé « les Forces du changement », qui réunit une dizaines de partis politiques, une trentaine d’associations et de personnalités politiques. Mieux encore, le chef du mouvement Bina attribue au désormais président de l’APN la qualité d’opposant. « Personne ne peut nier sa valeur d’opposant politique. C’est l’un des enfants du Hirak », a tranché le président d’El Bina pour qui « Chenine réunit toutes les qualités pour assumer un pareil rôle ».
Sur sa lancée, il dira que ce sont « ses qualités qui ont amené l’opposition au Parlement et les députés de l’allégeance à appuyer sa candidature pour devenir président de l’APN, estimant qu’il s’agit là d’une preuve que Chenine « est un homme de consensus ».

« Aucune transaction avec le pouvoir »
Y aurait-il un deal entre les promoteurs de la plateforme d’Aïn Benian et le pouvoir politique en vue de la présidentielle et dont « l’attribution » de la présidence de l’APN à une alliance islamiste à faible représentation en serait un des éléments ? M. Bengrina refuse une telle interprétation. 
Pour lui, il «ne s’agirait là que d’accusations tendancieuses » que colportent certaines parties en allusion à ceux qui ne partagent pas la vision des « forces du changement. 
Dans son oral, M. Bengrina a tenté de tordre le cou aux informations diffusées dans certains médias et dans les réseaux sociaux faisant état d’un « compromis entre le pouvoir et le parti afin de désigner Slimane Chenine au poste de président de l’APN ». 

Il accusera, dans ce sens, « ceux qui disent que nous avons passé un compromis avec le pouvoir sont les mêmes qui disent que nous sommes un petit mouvement politique, mais ils ne disent pas comment est-ce possible que le pouvoir peut négocier un compromis avec un tout petit parti politique comme ils nous décrivent » Au cours de la conférence de presse, organisée en marge de cette rencontre, et à la question de Reporters de savoir si cet enchaînement d’événements, à savoir l’élection de Chenine, puis la proposition du parti pour qu’il dirige le dialogue national ne traduit pas un scénario ficelé, Bengrina a tenté une explication qui n’a pas convaincu.

« La candidature de Chenine émane d’un groupe parlementaire (constitué de trois partis islamistes) que personne ne peut remettre en cause son opposition au pouvoir », a-t-il soutenu. « J’ai moi-même discuté avec des dirigeants politiques pour le soutenir et ils ont accepté. Je cite l’exemple de Belaïd Abdelaziz, président du Front El Moustakbal. Mais je vous assure que nous n’avons reçu aucune instruction au niveau de notre formation politique concernant cette question », ajoutera M. Bengrina. Ce dernier conclut : «L’institution militaire doit accompagner le Hirak dans l’organisation d’une élection libre et sans fraude et j’espère que la proposition pour que Chenine dirige ce dialogue puisse être un pas pour trouver une solution » à la crise que traverse le pays.