Le mouvement fait suite à l’agression d’une sage-femme par un père de famille à Annaba: Sit-in des personnels médical et paramédical du CHU Ibn Rochd

Le mouvement fait suite à l’agression d’une sage-femme par un père de famille à Annaba:  Sit-in des personnels médical et paramédical du CHU Ibn Rochd

“L’hôpital ne pouvait pratiquement rien faire de plus que ce qui a été fait pour sauver les deux malheureux, dont l’âge gestationnel était de 25 semaines avec un poids dépassant à peine les 800 grammes”, explique-t-on.

L’agression dont a été victime, avant-hier, la responsable du service suite de couches, à l’intérieur de cet établissement, a donné lieu à un mouvement de protestation des médecins et des agents paramédicaux du pavillon gynécologie-obstétrique du CHU Ibn Rochd d’Annaba, lesquels ont observé un sit-in, hier matin.

Ce débrayage, qui a duré près de deux heures, a complètement paralysé les activités de ce service, obligeant le secrétaire général de l’hôpital, représentant en la circonstance la direction, à tenir une réunion dans l’urgence avec les protestataires.

Rencontre qui a permis à ce responsable de s’enquérir de la situation et de prendre note des revendications des grévistes, avant de les inviter à reprendre le travail. L’une des sages-femmes ayant pris part au mouvement rapporte que la cheffe de service a été injustement agressée par l’époux d’une parturiente, dont les bébés, des jumeaux grands prématurés, sont décédés dans des conditions d’accouchement particulièrement difficiles, l’un et l’autre à une dizaine de jours d’intervalle.

Apprenant le deuxième décès, l’époux aurait très mal accepté cette tragédie, qu’il aurait immédiatement attribuée à l’incompétence des personnels dudit pavillon de gynécologie-obstétrique. Ce qui expliquerait son désespoir et sa colère à l’encontre de la responsable du service, “mais sans pour autant l’excuser”, estime notre interlocutrice. Et d’ajouter que l’hôpital ne pouvait pratiquement rien faire de plus que ce qui a été fait pour sauver les deux malheureux, dont l’âge gestationnel était de 25 semaines avec un poids dépassant à peine les 800 grammes.

Peinant à expliquer les conditions dans lesquelles se sont déroulées les deux délivrances, la sage-femme a tenu à souligner qu’en règle générale, les grands prématurés ne survivent que très rarement aux accidents de grossesse, mais que dans ce cas, tout le personnel s’était mobilisé pour tenter de réaliser un miracle en sauvant au moins le second bébé, après la mort de son jumeau le 14 août dernier.

“Allah en a décidé autrement et nous aurons, en ce qui nous concerne, accompli notre devoir. Malheureusement, les gens ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre que nous ne sommes pour rien, si parfois nous sommes en face de cas compliqués qui contrarient la notion de viabilité. Nous sommes devenus les boucs émissaires auxquels tout le monde s’en prend lorsque ça va mal”, s’indigne-t-elle en rappelant les récentes affaires qui se sont soldées par des décès de femmes enceintes, dont des parturientes à Médéa, à Mostaganem, ou encore tout récemment dans l’enceinte de l’hôpital Parnet de la capitale. Nous n’avons pu prendre attache avec le père des deux petits jumeaux décédés, pour l’instant, mais nous apprenons de sources proches de la sûreté de wilaya d’Annaba qu’il a été entendu par les éléments de la police après l’agression présumée avant d’être libéré avec la promesse d’ouverture d’une enquête sur les conditions et les circonstances dans lesquelles se sont déroulés les accouchements.

Difficile de croire en l’aboutissement de ces enquêtes et encore moins nourrir l’espoir de voir les citoyens réconciliés avec leur système de santé publique de nos jours. Le rapport de confiance étant totalement rompu, sommes-nous tentés d’affirmer.

Nous en voulons pour preuve la propension sans cesse grandissante des familles à confier leurs malades, d’une manière générale, et leurs parturientes, en particulier, aux cliniques privées même si cela a un prix fort, très fort s’entend. Quant à ceux qui n’ont pas les moyens pour se rassurer…