Le mouvement populaire né le 22 février entame son 6e mois : Cinq mois de contestation et impasse en cours !

Le mouvement populaire né le 22 février entame son 6e mois : Cinq mois de contestation et impasse en cours !

Le mouvement populaire pour le changement a entamé, depuis hier, son sixième mois de mobilisation, alors que le processus de dialogue auquel ne cesse d’appeler le pouvoir politique vient juste d’enclencher sa phase« informelle », avec tout ce qu’elle charrie comme interrogations et zones d’ombre.

Cinq mois est ainsi l’âge d’une contestation populaire, qui a généré des bouleversements significatifs au sein des institutions de l’Etat, où des changements notables ont été enregistrés au moment où le plus attendu des changements, à savoir le premier magistrat du pays, reste en suspens.
C’est vraisemblablement l’équation de l’élection présidentielle qui continue de constituer le point de divergence principal entre le pouvoir politique et les courants de l’opposition, après avoir été l’élément déclencheur de la contestation contre le régime qui projetait, au début de l’année un 5e mandat pour Abdelaziz Bouteflika.
L’option de la reconduction a été abandonnée et la présidentielle, devant être organisée 90 jours après la convocation du corps électoral par le chef de l’Etat par intérim, n’a pas pu se tenir à la date prévue – 4 juillet –, ce qui a prolongé la durée de la crise.
Pendant ce temps, la mobilisation populaire n’a pas fléchi, même pendant le mois de carême, qui a vu les Algériens battre le pavé chaque vendredi pour réclamer le changement du système et le départ de toutes les figures qui lui sont apparentées.
Des signes de fléchissement ont été, cependant, remarqués ces dernières semaines particulièrement dans les manifestations dans la capitale au vu du raidissement des mesures répressives empêchant les marcheurs de se rendre sur Alger.
Pendant ces 5 mois, les Algériens tendaient l’oreille vers l’institution militaire, devenue élément majeur de la situation, et la solution qu’elle privilégie pour une sortie de crise. L’ANP reste, dans ce sens, attachée à la solution constitutionnelle, annonçant l’organisation d’une élection présidentielle dans des « délais raisonnables » au moment, où le mouvement populaire -acteur principal de la situation- refusait l’idée d’un scrutin présidentiel à organiser sous le dispositif réglementaire en vigueur et le personnel politique en place.
Cette configuration est toujours d’actualité, en attendant, bien entendu, l’issue du dialogue reformulé sous une nouvelle approche par le chef de l’Etat à l’occasion de la célébration de la fête nationale de l’Indépendance.
Cascade d’initiatives et paysage politique en mouvement
La crise politique et institutionnelle que traverse le pays, depuis le début de l’année, a ainsi donné naissance à une cascade d’initiatives portées sur la place publique, à l’image de trois segments de la société civile qui a dévoilé, le 15 juin dernier, sa plateforme de sortie de crise. S’en est suivie celle portée par les « forces du changement » qui, après plusieurs rencontres autour du FJD, ont tenu « une conférence nationale de dialogue» présidée par l’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi. Ce conglomérat défendait le principe du dialogue avec le pouvoir politique alors que les partis de la mouvance démocratique insistaient sur les mesures d’apaisement devant précéder tout processus de dialogue.
C’est ainsi que les cinq mois de contestation ont bouleversé un champ politique qui ne ressemble plus à celui d’avant-le 22 février.
Non seulement les partis de l’alliance présidentielle ne font plus recette, mais leurs chefs respectifs (Ould Abbès, Ouyahia, Ghoul, Benyounes) croupissent désormais à la prison d’El Harrach pour des affaires de corruption. Voués aux gémonies par une population en pleine contestation, les partis ont sensiblement perdu de la voix dans une scène politique nationale en ébullition et où ce sont désormais les formations de l’opposition qui occupent le terrain.
Le mouvement populaire a fait également bouger les lignes au sein des partis de l’opposition démocratique, qui ont fini par enterrer leurs divergences pour se constituer en alliance des « forces de l’alternative démocratique » pour réclamer « une véritable transition démocratique».

Justice en branle et prison VIP
Ce qui a marqué la scène nationale durant ces cinq derniers mois, c’est aussi l’inédit emballement politico-judiciaire qui a vu défiler de nombreuses personnalités publiques devant la Justice dans des procès aux multiples interrogations. Des acteurs économiques et hommes d’affaires, à l’image d’Ali Haddad, Issad Rebrab, les frères Kouninef, Mahieddine Tahkout et bien d’autres sont mis en prison. Les deux anciens Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, ont subi, eux aussi, le même sort au même titre que d’autres ministres, à l’image de Youcef Yousfi et Saïd Barkat, alors que Chakib Khelil et Abdeselam Bouchaouareb n’ont pas répondu à la convocation de la Cour suprême. Saïd Bouteflika, frère-conseiller de l’ancien président de la République et les deux anciens patrons des services de renseignements (ex-DRS), Toufik Mediene et Bachir Tartag ont été convoqués, eux aussi, par le Tribunal militaire de Blida. Mis sous mandat de dépôt par le Procureur de la République près le tribunal de Blida, le 5 mai dernier, ces trois prévenus sont poursuivis pour «atteinte à l’autorité de l’Armée» et «complot contre l’autorité de l’Etat». Est poursuivie également dans la même affaire, la cheffe du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, en détention provisoire depuis début mai.
Dans le registre des arrestations, c’est le commandant de la Wilaya IV historique, Lakhdar Bouregaâ, qui a été mis en détention provisoire à la prison d’El Harrach. Des manifestants subissent le même sort suite à leur arrestation en pleine marche populaire avec le « grief » d’avoir brandi l’emblème berbère.