Dans un contexte politique complexe, le MSP accuse le pouvoir d’entraver le processus de transition démocratique revendiqué par le mouvement populaire. Le MSP, qui a décidé de ne pas présenter de candidat à la prochaine élection présidentielle, a, dans un communiqué virulent, imputé aux autorités la responsabilité de l’entrave du processus de transition démocratique revendiqué par le Hirak et, notamment de ne pas avoir appliqué comme promis les articles 7 et 8 de la Constitution. Ces fameux articles qui donnent la part belle à la volonté populaire ont été abondamment évoqués au début de la crise par le pouvoir, mais leur application est restée sujet à caution.
Pour le MSP, c’est toujours l’Administration qui organise le scrutin malgré l’installation d’une commission indépendante de surveillance et de contrôle de l’élection présidentielle. Le parti estime que la tension entretenue, la suspicion et l’état de fait accompli, actuellement en vigueur, ainsi que la prééminence de l’Administration qui prend en charge le processus électoral, font en sorte que l’Algérie aura du mal à faire face aux défis internes et externes qui l’attendent.
Le parti de Abderrazak Makri accuse frontalement les autorités d’avoir fait capoter toutes les chances du dialogue et du consensus et d’être responsables de la déconvenue d’une grande partie du peuple algérien. Le MSP condamne également les arrestations des activistes du Hirak dans plusieurs wilayas du pays, et ce, pour des raisons politiques évidentes et demande leur libération, appelant les forces politiques et sociales d’en être solidaires. Le MSP dénonce « la politique de répression et de harcèlement » qui touche les médias. Le mouvement annonce poursuivre « la résistance politique pacifiste » malgré les entraves sur le terrain.
Cette sortie remarquée du principal parti islamiste ajoute à la tension dans une conjoncture politique complexe. L’un des partis politiques, dont la base reste disciplinée, avec sa décision de ne pas participer, a déjà suscité maintes lectures et interrogations sur l’éventualité d’un soutien d’un candidat en dehors du parti.
Visiblement, le MSP semble avoir décidé d’opter pour un rejet actif et de prôner un discours plutôt radical à l’endroit du pouvoir. Fin septembre, le MSP a décidé de ne pas déposer de candidature à la présidentielle de décembre. Le principal parti d’opposition au Parlement
(34 sièges sur 462) avait estimé alors que « les préalables requis, notamment la transparence de l’élection, la satisfaction des revendications du Hirak ne sont pas réunis ». « Nous ne soutiendrons aucun candidat (…) Nous ne sommes pas un comité de soutien », avait fait savoir notamment Abderrazak Makri, président du MSP. Makri avait alors jugé que le maintien du gouvernement de M. Noureddine Bedoui est bien le signe «qu’il n’y a pas de volonté politique» de lutter véritablement contre la fraude et que « les niches de la fraude électorale persistent ».
Adlène Badis