Le MSP nuance sa position en ce qui concerne les mesures d’apaisement : Les «petits» calculs de Abderrezak Makri

Le MSP nuance sa position en ce qui concerne les mesures d’apaisement : Les «petits» calculs de Abderrezak Makri

La discrétion de Abderrezak Makri n’est rien d’autre qu’un calcul politique qui va permettre au MSP de se repositionner.

Où est passé Abderrezak Makri ? Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) se fait discret au moment même où les événements s’accélèrent. L’homme politique qui avait pris son bâton de pèlerin, en 2018, pour faire le tour des partis politiques appelant à une période de transition dans un cadre de consensus national, semble avoir consumé toute son énergie. Depuis qu’il a rejoint le groupe des «Forces de changement» et après l’échec de la réunion du 6 juillet dernier à Aïn Benian, Abderrezak Makri intervient rarement. D’ailleurs, son parti ne s’est même pas fixé clairement par rapport au Panel de personnalités mandatées par le chef de l’Etat. C’est par la voix de Nacer Hamdadouche, membre de la direction du MSP, que le parti de la mouvance islamiste a réaffirmé son soutien au «principe du dialogue» représentant «la seule voie de sortie de crise» mais tout en indiquant que le MSP n’a pas encore pris une position définitive par rapport au Panel devant mener le dialogue.

Hamdadouche avait cité plusieurs points à éclaircir dont la composante, sa mission, ses prérogatives et son indépendance. En fait, le MSP s’est déclaré pour le dialogue, mais aussi pour la satisfaction de la plate-forme de Aïn Benian. Ce qui n’est pas conciliable car même si la réunion présidée par Abdelaziz Rahabi avait également pour unique objectif la tenue d’une élection présidentielle, le communiqué ayant sanctionné ses travaux contenait plusieurs conditions qui ne sont actuellement pas satisfaites dont à titre d’exemple le départ du gouvernement Bedoui ou encore l’exclusion du dialogue des partis de l’ex alliance présidentielle. Or, actuellement, le Panel de Karim Younès va entamer son dialogue sans aucun préalable. Il y a aussi le fait qu’Abderrezak Makri a toujours plaidé pour le départ de Abdelkader Bensalah et son gouvernement.

Le 22 juillet dernier, Makri avait affirmé que «la balle est dans le camp du pouvoir, c’est à lui d’avancer des garanties pour l’organisation d’élections libres et transparentes». Lors de l’ouverture de la 3e session ordinaire du parti, le président du MSP avait clairement dit «Nous sommes convaincus qu’il est indispensable de se diriger vers un dialogue inclusif sans aucune ligne rouge, y compris le départ du chef de l’Etat». Et d’ajouter «il faut aller vers le changement du gouvernement à travers des concertations également, puis il faut aller vers un dialogue où il n’y aura pas de limites (…) et ce avant d’arriver à l’amendement de certaines lois ». Il avait aussi insisté sur les mesures d’apaisement « afin de donner une chance au dialogue».

En somme, le parti donnait l’air de s’agripper à la feuille de route découlant du forum national des Forces de changement. Mais comme tout parti politique, le MSP sait slalomer quand il le faut. Pour preuve, Abderrezak Makri qui a été au premier plan pour exprimer l’intransigeance de son parti concernant les mesures d’apaisement ou encore le départ de Bensalah et Bedoui, s’est mis en retrait, laissant son numéro deux exposer la nouvelle vision du MSP après le niet affiché par le commandement de l’ANP. C’est donc à Abderahmane Benferhat, vice-président du MSP, qu’est revenue cette tâche. Interviewé dimanche dernier par un confrère, Benferhat a mis beaucoup d’eau dans son vin. Il a commencé à nuancer la position du parti en ce qui concerne les préalables qui ont été exigés par le Panel de Karim Younès, mais qui l’ont été tout autant par le Forum de Abdelaziz Rahabi, il faut le rappeler.

Le vice-président a expliqué que «le statut de détenu politique est, aujourd’hui, différemment interprété au sein du Panel même», ajoutant que «l’institution militaire a ses raisons de remettre en cause certaines conditions du Panel, à l’exemple de celle ayant trait au cordon sécuritaire. Elle a aussi ses raisons lorsqu’elle appelle à ne pas brandir un autre emblème que l’emblème national (…)». Et de conclure « nous sommes convaincus que les mesures d’apaisement sont plus que nécessaires, mais nous avons aussi la conviction qu’il faut savoir se prémunir contre les manœu-vres». A bien voir donc la discrétion de Abderrezak Makri n’est rien d’autre qu’un calcul politique qui va permettre à son parti de se repositionner pour mieux négocier son retour sur la scène. 

Hasna YACOUB