Le mystère Torres

Le mystère Torres

Si l’Espagne est endemi-finale, elle le doit à David Villa, encore buteur contre le Paraguay, et non à sa vedette, Fernando Torres, complètement fantomatique et aphone depuis le début du Mondial-2010, et encore passé à côté de son match samedi.

Contrôles ratés, frappes dans les nuages, démarrage de voiturette de golf et passes dans le vide, Torres, après il est vrai une saison gâchée par les blessures, était loin du buteur qui finit deuxième au classement du Ballon d’Or 2008, quand il avait grandement contribué à la victoire à l’Euro-2008.

A l’image de sa coupe de cheveu, El Niño est devenu bien terne. Où est passé le feu follet à mèches blondes de Liverpool ? Qu’est devenu le rusé renard des surfaces qui chipait le ballon à Lahm pour marquer le but qui couronnait l’Espagne championne d’Europe il y a deux ans en finale à Vienne ? Quel contraste avec David Villa, tonique, opportuniste, et meilleur buteur de la compétition grâce à son cinquième but contre le Paraguay .

En Afrique du Sud, Torres n’a pas joué un seul match entier, mais cela sied à un attaquant qui fait les choses à moitié en ce moment. Quand par exemple il mystifie Claudio Morel d’un crochet, il s’entête et s’empale ensuite sur Antolin Alcaraz. Encore trop gourmand, il gâche un grand pont sur Alcaraz pour centrer au troisième poteau . Enfin démarqué sur la droite, il expédie sa frappe au ciel. Et quand il est bien lancé, la passe de Xavi est trop longue…

Le match cadenassé par la défense guarani était certes un repoussoir pour un joueur d’espaces comme Torres, mais même son démarrage semblait inefficace. El Niño n’a visiblement pas récupéré de sa saison tronquée par les blessures.

Opéré une première fois du genou droit en janvier, il est retourné sur le billard en avril et n’a joué que six matches de Premier League en 2010 avec Liverpool… Et il n’a repris l’entraînement qu’une quinzaine de jours avant le début du Mondial.

Comme lors des matches précédents, il a été remplacé (il fut remplaçant pour le premier contre la Suisse) vers l’heure de jeu contre le Paraguay par Cesc Fabregas , un créateur à la place d’un joueur d’espaces perdu dans une partie jouée dans une boîte à chaussures. Contre le Portugal, son remplaçant à l’heure de jeu, Fernando Llorente, s’était tout de suite créé deux occasions, et David Villa avait marqué dans les quatre minutes suivant le retour de Torres sur le banc.

Samedi, l’Espagne a encore marqué une fois que Torres a quitté le terrain. Mais l’Espagne peut voir le bon côté des choses: elle continue de gagner en jouant pour ainsi dire à dix pendant une heure.

David Villa, avec cinq buts, a lui parfaitement assumé son statut de meilleur buteur de l’Euro2008, et Torres peut se réveiller. Tiens, tiens, justement il retrouve l’Allemagne en demi-finale…