La crise sanitaire qui dévaste le monde entier, dont l’Algérie, depuis maintenant plus de deux ans, a fait monter à la surface plusieurs problèmes sérieux qui étaient jusque-là cachés dans les profondeurs de la société. Outre la pauvreté, la fragilité du marché de l’emploi, l’amenuisement des liens sociaux et des constructions traditionnels, en Algérie, le »niveau mental sociétal », est également pointé du doigt.
C’est le sociologue Rabeh Sebaa, professeur de sociologie et d’anthropologie linguistique, dans un entretien accordé à nos confrères du quotidien Le Soir d’Algérie, qui a fini par mettre le doigt sur la plaie. Il assure que la réticence vaccinale en Algérie ne provient pas d’un mouvement antivax comme c’est le cas en Europe, mais que les raisons sont plutôt à chercher du côté du « niveau mental » de la société Algérienne.
Danger du covid-19 : l’Algérien n’est pas convaincu ?
Le professeur explique que le citoyen algérien est soit mal informé soit sous-informé, ce qui le pousse à réagir « selon ses intérêts immédiats ». Une chose qui rend la société inconsciente des dangers réels et des répercussions collectives du virus. Selon le sociologue, » il faudrait, au préalable, qu’il soit convaincu de la présence du virus, ensuite de sa propagation et enfin qu’il doive s’en protéger ».
Le Pr Sebaa rappelle que « certains membres du personnel de la santé eux-mêmes avouent ne pas se faire vacciner », et que cela rend la réticence plus ancrée au sein de la société algérienne. La réticence vaccinale, ajoute-t-il, « est l’un des indices importants d’évaluation de l’état mental à l’échelle sociétale ». Selon lui, une chose est sûre, « la notion de réticence vaccinale est à mettre en relation étroite avec le niveau mental sociétal ».
« On ne peut pas dire qu’il existe en Algérie, comme dans d’autres pays, un mouvement antivax organisé qui milite en faveur de ce refus », souligne le sociologue. Il ajoute que cette réticence aux vaccins anti-covid » prend ancrage dans le niveau mental sociétal », ce qui cause une « automédication effrénée » et un « recours accru aux guérisseurs, à la roqya et autre charlatanisme ».
Le professeur indique toutefois que « chaque groupe social doit être considéré dans sa particularité et appréhendé à partir de ses propres codes ». Une chose qui est impossible à réaliser en Algérie, car la réalisation d’une étude sociologique sérieuse nécessite des moyens et des compétences.