Dans ce livre sorti en août dernier, en France, la romancière explique avoir écrit ce roman pour “tous les quittés du monde. Pour ceux qui ont perdu la foi en perdant leur bonheur. Pour ceux qui pensent qu’ils ne sauront plus vivre sans l’autre et qu’ils ne sauront plus aimer”.
L’écrivaine franco-algérienne Nina Bouraoui vient de publier son dernier roman Beaux rivages (éditions JC Lattès, France). Un livre qui retrace l’histoire d’Adrian qui filait le parfait amour avec sa compagne A. Mais comme la vie réserve souvent des surprises dont certaines sont malencontreusement décevantes, Adrian quittera à la fin celle qui fut son amour pendant huit ans, pour aller vivre avec une autre femme. S’ensuit après une séparation vécue dans la douleur pour la femme qu’il a abandonnée. Cette dernière, le cœur brisé, supporte mal son chagrin en s’apercevant de la cause de la séparation qui est une autre femme, qu’elle arrivera malgré tout à identifier grâce à internet.
Elle arrivera à suivre les moindres détails de la vie commune que partage le couple. “J’ai écrit Beaux rivages pour tous les quittés du monde. Pour ceux qui ont perdu la foi en perdant leur bonheur. Pour ceux qui pensent qu’ils ne sauront plus vivre sans l’autre et qu’ils ne sauront plus aimer. Pour comprendre pourquoi une rupture nous laisse si désarmés. Et pour rappeler que l’amour triomphera toujours. En cela, c’est un roman de résistance.” Telle est la très optimiste sentence de Nina Bouraoui. Malgré la trahison amoureuse vécue dans la douleur, le personnage principal du roman arrivera à transformer son immense chagrin en une très forte résistance à l’abattement qui a généré la reconstruction d’un nouvel amour plus serein et plus mûr.
Nina Bouraoui retrace la trame de son livre, et les contextes qui l’ont poussée et encouragée à écrire son dernier livre en indiquant : “C’est l’histoire d’un grand chagrin d’amour que j’ai essayé de rassembler les éléments de cette chute effroyable, parce qu’on n’est plus aimée.” “Il y a une troisième personne qui tient un blog, c’est un personnage inventé, mais on sait aujourd’hui combien hélas les réseaux sociaux nous soumettent la fin de la liberté, c’est-à-dire qu’on n’est plus libres de ne pas savoir.” Et de renchérir : “L’histoire est prise dans un segment, c’était volontaire de ma part, entre deux dates très fortes, c’est quelques jours après l’attentat de Charlie Hebdo, et l’Hyper Cacher, et la fin c’est le 13 novembre avec ce qu’on sait hélas du Bataclan et des terrasses. Et j’ai voulu vraiment inscrire deux désordres alors, sans les comparer, parce qu’ils sont incomparables. Un désordre d’une violence inouïe, à l’extérieur, et un désordre qui va rejoindre un désordre plus intime qui est le désordre de mon héroïne.”
Pour une “obsédée” de l’amour dans son sens le plus large, comme elle se plaît à l’assumer, la romancière trouve que “l’amour seul à le droit de nous faire pleurer parce que ses larmes se transforment toujours en or”. À comprendre que l’on sort toujours grandi de ces douloureuses expériences. Pour des âmes très fortes de caractère, oui dirions-nous. Mais ce n’est malheureusement pas le cas de tous les cœurs brisés qui en gardent les conséquences et les stigmates à jamais. Même s’ils tenteront de tourner la page une bonne fois pour toutes afin de se reconstruire à nouveau et avoir une autre raison de vivre. Peut-être qu’en lisant le roman de Nina Bouraoui, certains cœurs brisés trouveront une forme de thérapie éclairante. Dans cette circonstance précise, laissons-les le lire…